Oserez-vous affronter le curry le plus épicé au monde ? Connu sous le nom de Phaal curry dans les restaurants indo-britanniques, ce curry incorpore l’un des piments les plus forts de la planète : le Ghost Pepper ou Bhut Jolokia, originaire d’Inde. Véritable plat-challenge, ce curry extrême a été inventé pour les amoureux du piment souhaitant tester leurs limites. Il est si fort que certains restaurants font signer une décharge aux clients avant de le servir ! Au-delà de l’aspect bravoure, c’est tout de même un curry savoureux bourré d’épices… mais dont le niveau de piquant dépasse tout ce que vous avez pu imaginer. Âmes sensibles s’abstenir.
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Le piment fantôme
Le Bhut Jolokia (piment « fantôme ») est cultivé dans le nord-est de l’Inde (Assam, Nagaland). Longtemps détenteur du titre de piment le plus fort du monde (1 041 427 sur l’échelle de Scoville), il a depuis été dépassé par le Carolina Reaper, mais reste une référence absolue. En Inde, les habitants l’utilisent avec parcimonie dans les currys, les chutneys ou même pour éloigner les éléphants (véridique : on fabrique des grenades au piment pour les tenir à distance des villages). Ce piment a un fruité fumé mais surtout une ardeur infernale : à côté, un habanero paraît doux. C’est ce monstre que les cuisiniers de curry houses anglaises ont eu l’idée d’intégrer dans un curry phall pour en faire le plus épicé possible. Le curry Phall (ou Phaal) était déjà une création britannique, plus pimentée que le vindaloo, souvent faite avec de multiples piments broyés. Avec l’ajout de ghost peppers frais ou en pâte, on a atteint un nouveau palier de piquant insensé.
Ingrédients typiques
La base du curry reste classique : huile, oignons, ail, gingembre, garam masala, tomate, cumin, coriandre, curcuma, etc. On choisit généralement du poulet ou de l’agneau comme protéine, mais on peut aussi faire un phall de crevettes ou de légumes. Ce qui change la donne, c’est la quantité et la nature des piments. Un curry ghost pepper typique va contenir : quelques piments habanero ou Scotch Bonnet pour la base (ces piments de 300 000 SHU semblent presque doux en comparaison), et 2 ou 3 piments Bhut Jolokia entiers, hachés ou réduits en pâte, incorporés durant la cuisson. Parfois, on utilise de la purée de piments naga vendue dans le commerce (très concentrée). En fin de cuisson, on peut encore rajouter de la poudre de chili extra-forte pour s’assurer que chaque portion est un véritable brasier. Le curry mijote jusqu’à épaississement. Lorsqu’il arrive à table, sa couleur rouge sombre et son parfum suffisent à faire monter la tension chez le convive. On le sert avec du riz nature ou du pain naan, mais souvent la première réaction est de chercher du lassi ou du lait pour calmer la bouche…
Le défi piment
Quelle est la sensation d’un curry au Ghost Pepper ? D’abord, la saveur : étonnamment, le Bhut Jolokia a un goût légèrement fumé et fruité avant que sa chaleur n’explose. Donc les premières secondes, on se dit « c’est pimenté, mais ça va… » Puis soudain, la vague de feu déferle. La bouche, la gorge, tout devient incandescent. On transpire instantanément, les yeux pleurent, on peut sentir des picotements dans les oreilles même (oui, oui). Le Ghost Pepper a une chaleur qui persiste jusqu’à 30 minutes, donc c’est parti pour un long moment. Pourtant, les amateurs trouvent souvent que passé le cap initial, on décèle les arômes sous-jacents du curry – une fois l’engourdissement installé, on goûte le gingembre, la cardamome… et on peut presque apprécier ce plat fou. C’est un peu comme un marathon : difficile au début, euphorisant une fois terminé. Clairement, ce curry est conçu pour ceux qui recherchent l’extrême et non un simple repas. Il faut le voir comme une aventure culinaire plus que comme un aliment nutritif.
Recette
Ingrédients
Pour 4 personnes :
- 600 g de poulet (filets ou cuisses désossées), coupé en morceaux
- 1 oignon moyen, émincé
- 3 gousses d’ail, hachées
- 1 morceau de gingembre (3 cm), râpé
- 400 ml de lait de coco
- 2 cuillères à soupe d’huile (neutre ou de coco)
- 1 cuillère à soupe de jus de citron
- 1 petit morceau de piment Ghost Pepper (environ ¼ à ½ piment sec ou frais selon tolérance)
- 1 cuillère à café de cumin moulu
- 1 cuillère à café de coriandre moulue
- ½ cuillère à café de curcuma
- ½ cuillère à café de garam masala
- Sel au goût
Etapes
Faire revenir les aromates :
- Faites chauffer l’huile dans une poêle ou cocotte à feu moyen.
- Ajoutez l’oignon et faites-le dorer pendant 5 à 7 minutes.
- Incorporez l’ail, le gingembre et les épices (cumin, coriandre, curcuma).
- Faites revenir 1 minute jusqu’à ce que les arômes se développent.
Ajouter le Ghost Pepper :
- Ajoutez le morceau de Ghost Pepper très finement haché (ou émietté s’il est séché).
- Faites-le revenir 30 secondes pour libérer son arôme — attention aux vapeurs !
- Astuce : commencez avec une toute petite quantité. Vous pouvez toujours en rajouter… mais jamais en enlever.
Cuisson du poulet :
- Ajoutez les morceaux de poulet, faites-les dorer 3-4 minutes.
- Versez le lait de coco, ajoutez du sel, couvrez, et laissez mijoter à feu doux pendant 20 à 25 minutes.
Finalisation :
- Quand le poulet est tendre et bien infusé, ajoutez le jus de citron et saupoudrez de garam masala.
- Laissez cuire encore 2 minutes à découvert.
Conseils de prudence & variantes
Si vous tenez absolument à tenter un curry ghost pepper à la maison, portez des gants pour manipuler les piments et évitez de respirer trop près des vapeurs de cuisson (ajoutez le piment en pâte plutôt qu’en le faisant frire, pour éviter un aérosol irritant). Ayez du lait, du pain, du riz en quantité. Mangez lentement, le plus dur sont les premières bouchées. Vous pouvez toujours commencer par un curry « intermédiaire » en utilisant seulement un habanero pour voir, puis graduellement augmenter jusqu’au Bhut Jolokia. Une variante intéressante est le curry dit “Vindaloo X” qui combine le style acidulé du vindaloo avec des ghost peppers. Et pour les vrais cinglés du piment, certains restaurants proposent le “Carolina Reaper Curry” – mais là on sort du domaine du raisonnable (le Carolina Reaper dépasse 1,8 million SHU !). Rappelons enfin qu’il faut écouter son corps : si vous ne le sentez pas, n’insistez pas. Le but est de s’amuser, pas de finir à l’hôpital. Sur ce, qui relève le défi du curry le plus piquant du monde ? Ce plat, qu’on pourrait surnommer « le curry fantôme » tant il vous hantera, reste une expérience à part, réservée aux hardi·e·s aventurier·e·s du piment.
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