Emmanuel Macron est un homme d’État français, devenu président de la Ve République le 7 mai 2017 à l’âge de 39 ans. Fondateur du mouvement centriste « En Marche ! » (rebaptisé La République En Marche puis Renaissance) créé en avril 2016, il remporte l’élection présidentielle face à Marine Le Pen et est réélu en avril 2022. Né le 21 décembre 1977 à Amiens, issu d’une famille de médecins, il a étudié la philosophie avant d’intégrer l’École nationale d’administration (ENA), dont il sort diplômé en 2004. Ce parcours témoigne de son ascension rapide du monde de la haute fonction publique et de la finance jusqu’aux plus hautes responsabilités politiques. Voici son parcours détaillé.
Enfance et formation
Emmanuel Macron naît le 21 décembre 1977 à Amiens dans une famille bourgeoise. Son père, Jean-Michel Macron, est professeur en neurologie et sa mère, Françoise Noguès, médecin-conseil à la Sécurité sociale. Emmanuel est l’aîné d’une fratrie de trois enfants. Il passe son enfance à Amiens où il étudie d’abord au collège puis au lycée catholique La Providence. Il obtient son baccalauréat scientifique avec mention en 1995 (émasculant la promotion « sciences »). Après le bac, il intègre le prestigieux lycée Henri-IV à Paris. C’est là qu’il rencontre Brigitte Trogneux, sa professeur de théâtre et de français, de vingt-quatre ans son aînée, devenue plus tard son épouse. Pour favoriser ses études, ses parents l’inscrivent au lycée Henri-IV où il obtient de très bonnes notes.
Poursuivant ses études supérieures, Macron intègre une classe préparatoire B/L (lettres et sciences sociales) toujours à Henri-IV. N’ayant pas pu intégrer l’École Normale Supérieure (ENS) après la prépa, il se réoriente vers Sciences Po Paris. Il y suit d’abord un cursus en relations internationales, puis choisit la section « Service public » en troisième année. Parallèlement, il prépare un diplôme de philosophie à l’université Paris-Nanterre, où il obtient un DEA en 2001. Il sort diplômé de Sciences Po Paris en 2001 également.
Ambitieux et brillant, Emmanuel Macron poursuit ensuite en 2002 des études à l’École nationale d’administration (ENA), promotion « Léopold-Sédar-Senghor ». Il y réussit brillamment (il finit 5ème avant annulation judiciaire du concours) et sort haut fonctionnaire en 2004. La sortie de l’ENA marque le début de sa carrière dans le corps de l’Inspection générale des Finances (IGF), service prestigieux du ministère des Finances, où il travaille quatre ans.
Carrière professionnelle
Après l’ENA, Emmanuel Macron rejoint l’Inspection générale des Finances (IGF) de 2004 à 2008, poste qui lui offre une formation polyvalente en économie et finances publiques. Dans le même temps, il mène un bref stage à l’ambassade de France à Abuja (Nigeria) et à la préfecture de l’Oise. En 2007, il participe à la commission Attali pour la croissance française, en tant que rapporteur adjoint (cadre proposé par Jacques Attali).
En 2008, il décide de quitter la haute fonction publique pour le secteur privé. Il intègre la banque d’affaires Rothschild & Cie à Paris, grâce à la recommandation de mentors comme Jacques Attali. Au sein de Rothschild, Emmanuel Macron gravit rapidement les échelons. Il se spécialise dans les fusions-acquisitions et devient associé-gérant en 2010. Parmi les opérations notables, il négocie la cession de la division nutrition infantile de Pfizer au groupe Nestlé (9 milliards de dollars), ce qui lui apporte une grande notoriété et un confort financier. Ses succès dans la finance font de lui un des jeunes banquiers les plus prometteurs de sa génération.
Au final, la carrière professionnelle d’Emmanuel Macron se partage entre le service public (IGF, 2004–2008) et la haute finance (Rothschild 2008–2012), lui conférant une double compétence économique et administrative.
Engagement politique et rôle auprès de François Hollande
Politique Emmanuel Macron se fait connaitre au sein du Parti Socialiste (PS) dans les années 2000. Il commence en effet comme militant au Mouvement des Citoyens (MDC) de Jean-Pierre Chevènement, puis rejoint le PS autour de 2006. Il s’investit notamment dans la Fondation Jean-Jaurès (réfléchissant à un social-libéralisme rénové). Lors de la campagne présidentielle de 2012, il soutient le candidat François Hollande. Après la victoire de ce dernier, Emmanuel Macron est nommé secrétaire général adjoint de l’Élysée (collaborateur direct du président) en mai 2012. À ce titre, il conseille le président Hollande sur les questions économiques et stratégiques.
En août 2014, le président Hollande fait appel à son jeune protégé et le nomme Ministre de l’Économie, de l’Industrie et du Numérique (gouvernements de Manuel Valls). Dans ce poste ministériel (2014–2016), Macron initie plusieurs réformes clés (loi pour la croissance et l’égalité des chances, dite « loi Macron », en 2015) visant à libéraliser l’économie. Sa politique libérale et réformatrice (ce qu’on appellera souvent la ligne « sociale-libérale ») accroît sa notoriété, mais provoque aussi des critiques de l’aile gauche du PS. Progressivement, il prend ses distances avec François Hollande et les appareils traditionnels de gauche. Mi-2016, Emmanuel Macron quitte le gouvernement et le Parti socialiste pour lancer son propre mouvement politique indépendant.
Création d’En Marche ! et campagne présidentielle de 2017
En avril 2016, Emmanuel Macron fonde son mouvement « En Marche !» (EM), qu’il veut ni de droite ni de gauche. Il en prend la présidence et s’en sert de plateforme pour porter son projet politique de « renouvellement » complet. En décembre 2016, il annonce sa candidature à l’élection présidentielle de 2017. Sa campagne se veut « ni droite ni gauche », axée sur l’économie de marché régulée, l’Europe et l’innovation.
Au premier tour (23 avril 2017), il arrive en tête avec 24 % des voix, devant Marine Le Pen (21 %). La campagne de second tour s’ouvre comme un duel centré sur le « barrage républicain » contre l’extrême droite. Le 7 mai 2017, Emmanuel Macron l’emporte au second tour avec environ 66 % des suffrages, contre 34 % pour Marine Le Pen. À 39 ans, il devient ainsi le plus jeune président français de l’histoire et le plus jeune dirigeant du G20 du moment. Sa victoire historique est rendue possible en grande partie par l’alliance informelle des grands partis (un « front républicain ») qui se mobilisent face au Front national.
Politique économique et sociale
Le premier mandat d’Emmanuel Macron est dominé par une série de réformes structurelles en France, ainsi que par plusieurs crises majeures.
À son entrée en fonction, le président Macron s’attaque à la politique économique. Il poursuit une politique libérale pour stimuler la croissance. Il fait notamment baisser l’impôt sur les sociétés progressivement, de 33 % à 25 % d’ici 2022. Il réduit aussi les « impôts de production » des entreprises (charges sur les salaires) pour favoriser l’emploi. Pour soutenir le pouvoir d’achat des ménages, le gouvernement met en place diverses mesures : coup de pouce au Smic (+1,6 % en 2019) et bonus énergie, revalorisation de certaines prestations sociales (allocations, minima), exonération de la taxe d’habitation pour 80 % des foyers, défiscalisation des heures supplémentaires, etc. Après les mouvements sociaux des « Gilets jaunes » fin 2018, l’exécutif renforce encore ces mesures de pouvoir d’achat. Par exemple, la suppression de la taxe carbone sur les carburants (déclencheur des premières protestations) est suspendue fin 2018. Des primes exceptionnelles (jusqu’à 1 000 €) sont accordées dans les entreprises, les charges sociales sur les salaires sont baissées, et la CSG sur les pensions modestes est annulée. Ces mesures visent à rétablir le pouvoir d’achat au cœur du contrat social macronien.
Sur le plan social, le président Macron se positionne comme réformateur. Il accepte la suppression de l’impôt de solidarité sur la fortune (ISF) en 2017, transformé en impôt sur la fortune immobilière (IFI). Cette mesure fiscale très médiatisée lui vaut le surnom de « président des riches ». En parallèle, le gouvernement allège le coût du travail pour les salariés : hausse du minimum vieillesse, prime d’activité augmentée, baisse des cotisations salariales et amélioration du crédit d’impôt pour la compétitivité (CICE). L’objectif affiché est d’améliorer la compétitivité de l’économie (création d’emplois) tout en préservant le dynamisme du marché du travail. Ainsi, selon l’administration, le pouvoir d’achat des Français a même légèrement progressé sous son quinquennat (malgré l’inflation).
Réformes majeures
Le président Macron met en œuvre plusieurs réformes emblématiques. La plus marquante est la réforme du Code du travail (à l’été 2017) par ordonnances. Celle-ci renforce le pouvoir négociateur des branches professionnelles et des entreprises (la négociation d’entreprise prime désormais sur les accords de branche). Elle instaure notamment un barème légal pour indemniser les licenciements sans cause réelle et sérieuse, fusionne les instances représentatives du personnel et facilite l’organisation de référendums d’entreprise. L’exécutif fait le choix de l’ordonnance pour accélérer cette réforme, sans débat parlementaire classique.
D’autres secteurs sont également réformés : la SNCF (réforme 2018) qui ouvre le rail à la concurrence et prévoit la fin du statut spécial des cheminots, l’apprentissage et la formation professionnelle (loi « Avenir professionnel » 2018), l’assurance-chômage (durcissement des conditions) ou encore l’enseignement (réforme du baccalauréat et des lycées). Les dernières années voient aussi des changements dans la fonction publique (défiscalisation du principal jour de carence, loi de transformation de la fonction publique 2019) et la justice (loi antiterroriste, etc.). Enfin, la loi “PMA pour toutes” est adoptée en 2021, ouvrant la procréation médicalement assistée aux couples de femmes et aux femmes seules.
Chaque grande réforme fait l’objet de débats et parfois de tensions. Le bilan de certaines mesures libérales (suppression de l’ISF, réforme du travail) est critiqué par les oppositions, qui y voient un affaiblissement du modèle social français. Une autre réforme controversée est celle de l’assurance-chômage en 2019 (difficile à mettre en œuvre, reportée par la crise sanitaire). Malgrè ces critiques, le Gouvernement insiste sur le principe de « libérer pour créer »: laisser plus de marge de manœuvre aux acteurs économiques tout en renforçant les filets sociaux.
Mouvement des Gilets jaunes
Fin 2018, un mouvement social spontané secoue la France : le mouvement des Gilets jaunes. Parti initialement d’une contestation de la taxe carbone sur les carburants, il exprime un ras-le-bol fiscal et social, notamment dans les zones périurbaines et rurales. Pendant plusieurs mois, des manifestations régulières (surtout les samedis) perturbent le pays. Face à cette crise inédite, Emmanuel Macron ouvre un dialogue en réponse : il suspend la taxe carbone, annule la hausse de la contribution sociale généralisée (CSG) pour les petites retraites, et lance le « Grand débat national » du printemps 2019 afin de recueillir des propositions des citoyens. En parallèle, l’exécutif accorde des mesures exceptionnelles de pouvoir d’achat (décrites plus haut) qui ciblent les classes moyennes et populaires. Le bilan est mitigé : le gouvernement parvient à calmer la crise d’hiver 2019 grâce à ces concessions, mais souffre d’une forte impopularité liée au sentiment de privilège des élites.
Crise sanitaire du COVID-19
Le quinquennat est ensuite frappé par la crise sanitaire mondiale du COVID-19 (2020–2021). Face à la pandémie, le président Macron prend des mesures d’urgence inédites : confinements nationaux (mars–mai 2020, puis novembre 2020), soutien massif à l’économie (plans de relance de centaines de milliards d’euros), port du masque généralisé et campagnes d’information. Il renforce la capacité hospitalière (réquisition d’hôtels, création d’hôpitaux de campagne) et lance dès fin 2020 la campagne de vaccination de la population française. Entre 2020 et 2021, la France alterne les périodes de restrictions (confinements, couvre-feux) et de tentatives de retour à la normale. La crise sanitaire a profondément affecté la vie sociale et économique du pays : le taux de chômage flambe temporairement, la dette publique augmente fortement, et le gouvernement multiplie les aides (report d’impôts, chômage partiel). Du point de vue politique, cette période est marquée par l’annonce du pass sanitaire (certificat de vaccination ou test négatif) en juillet 2021, source de débats sur les libertés publiques.
Politique internationale (Europe, OTAN, guerre en Ukraine)
Sur la scène internationale, Emmanuel Macron cherche à redéfinir la place de la France en Europe et dans le monde. Il se présente en « Monsieur Europe » : sous sa présidence, la France assume la Présidence du Conseil de l’Union européenne au premier semestre 2022, proposant des projets communs en matière de relance économique, de recherche et d’environnement. Il plaide pour une plus grande souveraineté européenne (défense, industrie, technologie), estimant que l’Europe doit se doter d’une défense commune : en 2019, il déclare par exemple que « l’OTAN est en mort cérébrale », plaidant pour une autonomie stratégique européenne. Cette phrase, largement reprise dans les médias, reflète son souci de rééquilibrer la relation entre les États-Unis et l’Europe sur le plan militaire.
Concernant la guerre en Ukraine (invasion russe de février 2022), Emmanuel Macron joue un rôle diplomatique actif. Il se rend à Kiev en juin 2022 aux côtés de leaders européens (Allemagne, Italie, Roumanie) pour marquer l’unité européenne dans le soutien à l’Ukraine. Sur place, il visite des quartiers dévastés (Irpin, au nord de Kiev) et s’entretient avec le président Volodymyr Zelensky, affirmant le soutien de la France aux Ukrainiens et discutant de leur candidature à l’UE. À plusieurs reprises, il appelle à maintenir et renforcer les sanctions contre la Russie tant qu’elle occupe le territoire ukrainien. Il coordonne avec ses partenaires européens les livraisons d’armes défensives et humanitaires à l’Ukraine, tout en participant aux sommets internationaux pour isoler diplomatiquement la Russie. Cette crise majeure marque profondément sa diplomatie : Macron se pose en acteur central des discussions européennes face au conflit et multiplie les initiatives pour accélérer la solidarité internationale.
Écologie et transition énergétique
La politique climatique et écologique figure aussi au programme présidentiel. Dès 2017, Emmanuel Macron réaffirme l’engagement de la France envers les accords de Paris. L’État fixe pour objectif de réduire les émissions de gaz à effet de serre de 55% d’ici 2030 et d’atteindre la neutralité carbone en 2050. Pour atteindre ces objectifs, son gouvernement propose des mesures ambitieuses en matière d’énergie et d’environnement. Il crée le Conseil de la planification écologique pour coordonner les politiques publiques sur le climat. Sur le volet énergétique, la France accélère sa transition : toutes les centrales à charbon devront être fermées (horizon 2027), la filière nucléaire est relancée (lancement de nouveaux réacteurs), et un large plan d’investissement « France 2030 » finance l’innovation verte (hydrogène, batteries, éolien, etc.). La loi « Climat et Résilience » du 22 août 2021 constitue l’une des lois phares : elle entend « ancrer l’écologie dans le cœur de la société française », en touchant tous les secteurs (bâtiments, transports, alimentation, etc.). Concrètement, le texte renforce les normes d’efficacité énergétique, encourage la rénovation thermique des logements et développe la mobilité propre (véhicules électriques, trains). Les ONG dénoncent néanmoins que ces mesures restent insuffisantes pour atteindre les objectifs de l’Accord de Paris. Malgré les critiques, Macron fait de la planification écologique une priorité, arguant que l’écologie doit aller de pair avec la compétitivité industrielle.
Réélection en 2022 : campagne, programme, résultats
À l’aube de la présidentielle 2022, Macron se présente pour un deuxième mandat. Son mouvement a été rebaptisé « Renaissance » (nouveau nom de LaREM), et il s’affiche comme le candidat de la continuité européenne et progressiste. Son programme, présenté en trois « pactes » (entre les générations, pour la production, pour la République), insiste sur la poursuite des réformes économiques et la transition écologique. Il promet notamment de réformer les retraites (passage à 65 ans comme âge légal de départ, à l’horizon 2030), d’accélérer l’investissement industriel, de renforcer la recherche et de poursuivre le doublement du nucléaire et de l’éolien pour l’énergie. Sur le volet social, il réaffirme le caractère irréversible de la suppression de l’ISF (« le candidat assume la suppression de l’ISF et ne compte pas revenir sur cette réforme »). Il prévoit également une prime exceptionnelle de pouvoir d’achat (jusqu’à 6 000 €) que chaque entreprise en bonne santé pourra verser librement à ses salariés. Sur les thèmes sociétaux, il défend l’ouverture des droits (transition écologique, égalité des chances, immigration contrôlée). Face à lui, le duel du second tour oppose de nouveau Macron à Marine Le Pen (Rassemblement national).
Le 24 avril 2022, Emmanuel Macron est réélu au second tour avec environ 58,5 % des voix contre 41,5 % à Marine Le Pen. Son avance est plus réduite qu’en 2017, signe d’une polarisation accrue de la société et d’une droite dure mieux installée. Cette victoire (plus faible que lors de son précédent duel) est encore permise par le « barrage républicain » des centristes et de la gauche modérée autour de son nom. Ainsi, il entame un second mandat face à un Parlement sans majorité absolue.
Réforme des retraites
L’un des enjeux majeurs de son second quinquennat est la réforme des retraites. Le projet, déjà partiellement esquissé en 2019, est de créer un système universel par points et de reculer progressivement l’âge légal à 64 ans (contre 62 ans auparavant) pour équilibrer les comptes sociaux. Après les législatives de 2022, le président ne dispose pas d’une majorité claire, ce qui complique l’adoption du texte. En mars 2023, l’Assemblée nationale approuve la réforme en première lecture, mais l’opposition et les syndicats s’y opposent avec force. Face au blocage, le gouvernement utilise l’article 49.3 de la Constitution pour faire passer la loi sans vote final. Au printemps 2023, la loi portant réforme des retraites est ainsi promulguée le 14 avril 2023, reculant l’âge de départ à 64 ans. Cette méthode (loi adoptée « sans vote de l’Assemblée ») soulève une forte contestation sociale et institutionnelle. L’ampleur des manifestations conduit à un cycle de négociations compliquées. La réforme, malgré la fatigue sociale générale, reste en discussion pour la mise en œuvre de ses mesures dans les années suivantes.
Pouvoir d’achat et inflation
La question du pouvoir d’achat demeure également cruciale sous le second mandat. En 2022–2023, l’inflation mondiale (notamment due à la guerre en Ukraine) met sous pression les ménages français. Le gouvernement maintient alors diverses mesures de protection du pouvoir d’achat : bouclier tarifaire sur l’énergie (gelant les prix malgré la crise), chèques énergie pour les plus modestes, remise carburant partielle, remboursement anticipé de RTT pour les fonctionnaires, etc. L’État augmente également la prime d’activité et les prestations sociales (minimum vieillesse, AAH) pour suivre l’inflation. Un plan « d’urgence » est lancé en septembre 2022 afin de distribuer une « prime inflation » de 100 € pour les plus modestes et un chèque de 100 € pour d’autres ménages. Selon le site du ministère de l’Économie, plusieurs mesures d’été 2022 ont été prises pour soutenir les Français face à l’inflation : prime exceptionnelle de rentrée, revalorisation des minimas sociaux, prime de partage de valeur en entreprises, remise carburant et rachat de RTT, suppression de la redevance audiovisuelle, etc.. Ces dispositifs sont complétés en 2023 par l’extension du bouclier tarifaire jusqu’à fin 2024 et des aides pour les entreprises et hôpitaux confrontés à la hausse des prix de l’énergie.
Politique européenne
Sur le plan européen, Macron poursuit l’orientation pro-européenne de son quinquennat. La présidence française du Conseil de l’UE (janvier–juin 2022) est l’occasion de promouvoir des projets communs : relance économique post-COVID, transition numérique et écologique, politique migratoire commune. Il milite pour renforcer la souveraineté stratégique de l’UE (industrie, budgets européens autonomes) et plaide pour un budget de la zone euro. Après la guerre d’Ukraine, il travaille à réviser le pacte de stabilité pour financer la reconstruction ukrainienne et défendre la solidarité entre États-membres. En parallèle, il entretient des relations diplomatiques avec les autres grands pays (Allemagne, États-Unis, Royaume-Uni, Chine, etc.) : il renforce la coopération franco-allemande avec le chancelier Scholz et participe activement aux sommets du G7/G20.
Situation politique (majorité relative et gouvernance)
Depuis 2022, Emmanuel Macron n’a plus la majorité absolue à l’Assemblée nationale. Après les législatives de juin 2022, sa coalition centriste « Ensemble » obtient seulement une majorité relative. Il doit gouverner avec le soutien tacite d’autres groupes (Les Républicains) et parfois recourir massivement aux ordonnances et à l’article 49.3 pour faire passer les textes. Cette absence de majorité nette crée une situation de cohabitation implicite : la plupart des réformes importantes (retraites, immigration, budgets) donnent lieu à de longs débats et parfois des blocages parlementaires. Par ailleurs, en raison de divergences, l’Assemblée est « tentée » par l’extrême droite (RN) qui, forte de la faiblesse de la coalition, fait pression sur le gouvernement.
La situation politique se complique fin 2024. Après la défaite historique du bloc centriste aux élections européennes de juin 2024 (victoire du RN), Emmanuel Macron dissout l’Assemblée nationale. Des élections législatives anticipées ont lieu en juillet 2024. Le président perd lors de ce scrutin sa majorité relative, au profit d’une nouvelle coalition de gauche et du centre-gauche (parfois qualifiée de « Nouveau Front populaire »). Refusant de gouverner avec le soutien du RN, Macron se trouve dans une situation politique inédite pour la Ve République. Le pays entre ainsi dans une phase d’instabilité politique (désignation d’un nouveau gouvernement, possible cohabitation, etc.), ce qui influence le degré de liberté de son action gouvernementale.
Vie personnelle et image publique
Sur le plan personnel, Emmanuel Macron reste assez discret. Marié en 2007 à Brigitte Trogneux (née en 1953), ancienne professeure de théâtre au lycée où il étudiait, il n’a pas d’enfant du couple (Brigitte ayant deux fils d’un premier mariage). Ce grand écart d’âge (25 ans) suscite souvent la curiosité des médias et du public. Il aime lire, courir à bicyclette et s’intéresse aux arts.
Son image publique est soigneusement gérée. Dès 2017, il se fait photographier en jogging ou en train de surfer les récifs avec d’autres chefs d’État, cultivant une image jeune et sportive. Son discours vise à projeter l’image d’un président modernisateur et compétent, parfois perçu comme élitiste et lointain. Sur les réseaux sociaux, Macron utilise Instagram et Twitter pour dialoguer directement avec les Français (il est l’un des rares présidents à poster des selfies de ses déplacements). Cette proximité numérique coexiste avec un protocole officiel très marqué (visites d’État, costumes, discours solennels).
Style présidentiel et communication
Dans ses communications, le style d’Emmanuel Macron se veut volontiers « vertical » et solennel. Il a souvent cultivé un rôle d’autorité dirigeante. Un ouvrage de l’INA (La Revue des médias) note qu’il a rompu avec la proximité de son prédécesseur, adoptant une posture « distante » vis-à-vis des journalistes, marquée par « méfiance, voire mépris, et volonté de contrôle ». Cette approche lui a valu de nombreux surnoms (« Président des ultra-riches », « Jupiter », « monarque ») en raison de sa manière d’incarner solennellement la fonction. La presse parle de son « style jupitérien » (allusion au dieu romain Jupiter) : sous sa présidence, le chef de l’État apparaît souvent comme seul détenteur du pouvoir (droit de veto caché aux dossiers, usage fréquent d’ordonnances, expression très théâtrale du chef).
Selon l’analyste Alexis Lévrier, Macron s’efforce de « réincarner » le pouvoir présidentiel, notamment en multipliant les symboles (visite à l’Arc de Triomphe, sortie du Louvre), ce qui lui vaut d’être comparé à un monarque. En parallèle, il pratique une communication calibrée : discours en grande pompe, questions répondues en conférence de presse (après le Grand Débat national en 2019), et interventions minutées (instauration de rendez-vous réguliers). Malgré ce cérémonial, il cherche parfois à adopter un ton plus populaire (débat participatif, posture de chef de guerre lors de la crise ukrainienne). Mais pour beaucoup d’observateurs, la proximité avec le citoyen reste incomplète : Macron demeure perçu comme éloigné du « quotidien de la France d’en bas ».
Controverses, critiques et popularité
Le mandat d’Emmanuel Macron n’a pas été exempt de polémiques. Les opposants (notamment à gauche) l’accusent d’avoir mené une politique favorable aux plus fortunés, en particulier suite à la suppression de l’ISF, qui lui a valu l’étiquette de « président des riches ». Des révélations médiatiques ont entaché son image : l’« affaire Benalla » (2018) a montré des failles dans la communication et le contrôle de son entourage, et l’affaire dite des « Uber Files » (2019) a mis en lumière des liens avec des lobbyistes lors de la libéralisation des VTC. En 2022, des soupçons de conflit d’intérêts liés au consultant McKinsey (missionné pour la santé publique) provoquent un nouveau tollé.
Par ailleurs, ses arbitrages jugés techniques ou distants suscitent parfois de vives réactions : le recours à l’article 49.3 du débat parlementaire (ordonnance sans vote) sur plusieurs textes (code du travail, retraites, immigration) est fortement critiqué, notamment au nom de la démocratie. Des personnalités publiques et médias soulignent aussi son profil d’énarque « technocratique » ou sa tendance à se placer « au-dessus de la mêlée ».
Tous ces éléments ont un impact sur sa popularité. Selon les sondages, celle-ci reste modérée. Par exemple, au printemps 2025, seuls 26 % des Français exprimaient une opinion favorable à son égard (et 73 % défavorable), l’une de ses cotes les plus basses sous la Ve République. Une étude Odoxa d’avril 2025 montre même que son taux d’approbation est comparable à ses pires moments passés (23 % en septembre 2024, après la dissolution). Ses détracteurs pointent la « fracture sociale » qui persiste (étiquetant Macron de « président des élites, président des riches ») et jugent sa présidence trop centrée sur l’image. En résumé, sa popularité reste tributaire des crises (Covid, guerre, retraites) et des réformes impopulaires.
Héritage politique et perspectives
Le bilan politique d’Emmanuel Macron est complexe et reste à construire. Ses partisans soulignent qu’il a modernisé l’économie française (ex : flexibilisation du travail, relance de l’investissement) et recentré la politique française vers l’Europe et le monde. Ils valorisent son image de président dynamique et éclairé, qui a fait évoluer les lignes traditionnelles gauche–droite. Ses détracteurs retiennent au contraire un quinquennat marqué par des « réformes de droite », une pratique du pouvoir jugée autoritaire (style vertical) et un échec partiel sur le pouvoir d’achat ou la réduction des inégalités.
De manière plus systémique, la notion même de « macronisme » fait débat. Selon certains analystes, Macron aura imposé la « verticale du pouvoir » : il a assumé publiquement l’incarnation du pouvoir, au risque d’une certaine distance par rapport à la population. Cette posture, saluée par certains pour la clarté politique qu’elle donne, est déplorée par d’autres qui rappellent les fameuses formules d’opposition (« président des riches », « froideur technocratique »). L’héritage de son quinquennat sera donc évalué dans le temps : s’il a concrétisé plusieurs réformes (travail, formation, numérique, transition écologique), l’impact social et la pérennité de ces changements restent conditionnés par l’évolution politique post-2027. Les prochaines années détermineront si la France poursuit les orientations macroniennes (vision européenne forte, économie libérale) ou si un rééquilibrage est demandé par le pays.
Tableau chronologique récapitulatif
Année | Événement majeur |
---|---|
1977 | Naissance le 21 décembre 1977 à Amiens (Somme). |
1984–1995 | Études primaires et secondaires à Amiens (collège puis lycée La Providence). Obtention d’un bac scientifique mention Bien en 1995. |
1995–2002 | Classe préparatoire (B/L) puis double cursus : Sciences Po Paris (diplômé 2001) et DEA de philosophie à Paris-Nanterre (2001). |
2002–2004 | Élève de l’ENA (promotion Senghor), intègre l’Inspection générale des Finances (IGE) dès 2004. |
2007 | Rapporteur adjoint de la commission Attali pour la croissance française. |
2008 | Départ de la haute fonction publique ; rejoint la banque d’affaires Rothschild & Cie. |
2010 | Associé-gérant chez Rothschild. Participe à des opérations financières majeures (Nestlé-Pfizer, recapitalisations, etc.). |
2012 | Devient Secrétaire général adjoint de la Présidence de la République (Hollande). |
2014 | Nommé Ministre de l’Économie, de l’Industrie et du Numérique dans le gouvernement Valls. |
2016 | Démissionne du gouvernement (juillet) ; fonde et préside le mouvement politique « En Marche ! » en avril. |
2017 | Élu Président de la République le 7 mai 2017 (66,1 % au 2nd tour) ; début du 1er mandat (2017–2022). |
2017 (été) | Adoption des ordonnances réformant le Code du travail (loi El Khomri par ordonnances). |
2018 | Création du « Grand débat national » après le mouvement des Gilets jaunes (novembre-décembre 2018) ; réformes sur la SNCF et la fonction publique. |
2019 | Adoption de la loi « Blanquer » sur l’éducation (école primaire et lycée) ; réforme de l’apprentissage (loi Avenir professionnel). |
2019–2020 | Épisode du mouvement des Gilets jaunes (2018–2019) et concessions sociales (augmentation du Smic, prime exceptionnelle, abolition de certaines taxes). |
2020 | Début de la pandémie de COVID-19 ; premier confinement national (mars-mai 2020), soutien économique massif (plan de relance). |
2021 | Loi « Climat et Résilience » du 22 août 2021 pour la transition écologique ; campagne de vaccination contre la COVID-19 et extension du pass sanitaire. |
2022 | Élu pour un second mandat le 24 avril 2022 (58,5 % au 2nd tour) ; début du 2ème mandat (2022–2027). France assume la présidence du Conseil de l’UE (1er sem. 2022). |
2022 (février) | Guerre en Ukraine – Macron participe aux réponses diplomatiques et militaires européennes, rencontre Zelensky en juin 2022. |
2022 (été) | Lancement des réformes « quinquennales » de mi-mandat (secteurs santé, énergie, etc.). |
2023 | Adoption controversée de la réforme des retraites (loi du 14 avril 2023 repoussant l’âge légal à 64 ans, via 49.3). Hausse de l’inflation mondiale ; mesures d’urgence sur le pouvoir d’achat (bouclier tarifaire). |
2024 (juin) | L’Assemblée nationale est dissoute après des élections européennes défavorables (victoire historique du Rassemblement national). |
2024 (juillet) | Élections législatives anticipées – la coalition présidentielle perd sa majorité au profit de la « Nouvelle union populaire » (gauche). |
2025 | Crise politique durable (gouvernement minoritaire, négociations avec le Parlement). Indice de popularité très bas (autour de 26 % en avril 2025). |
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