François Hollande, né le 12 août 1954 à Rouen, est un homme d’État français, septième président de la Vᵉ République de 2012 à 2017. Figure de premier plan du Parti socialiste (PS), dont il a été premier secrétaire pendant plus d’une décennie, il a mené une carrière politique marquée par l’ascension patiente au sein de son parti, une victoire à l’élection présidentielle de 2012 face à Nicolas Sarkozy, puis un quinquennat confronté à de nombreux défis. Nous retraçons un parcours allant d’une enfance normande à l’Élysée, jalonné par ses engagements politiques, ses responsabilités locales en Corrèze, la direction du PS, et cinq années à la tête de l’État. Le président François Hollande a mis en œuvre des réformes emblématiques – telle que la loi ouvrant le mariage pour tous – et dû affronter des crises majeures, notamment la menace du terrorisme (attentats de 2015) et des interventions militaires à l’étranger (comme la guerre au Mali en 2013). Son quinquennat Hollande a également été marqué par un tournant économique controversé (pacte de responsabilité, politique économique dite sociale-libérale) qui a suscité une fronde socialiste au sein de sa majorité parlementaire. Après avoir renoncé à briguer un second mandat – une première sous la Vᵉ République – François Hollande a entamé une vie post-présidentielle active (publications, conférences et création de la Fondation La France s’engage), tout en laissant un héritage politique contrasté.
Nous reviendrons sur toutes les étapes majeures de sa vie et de sa carrière : son enfance et sa formation, ses débuts au PS, son ancrage corrézien comme élu local, ses années à la tête du PS, la campagne de 2012, les multiples volets de sa présidence (2012-2017) – qu’il s’agisse de l’économie, des réformes sociétales, de la sécurité ou de la diplomatie –, jusqu’à la fin de son mandat et son retrait de 2017, sans oublier son action et son image depuis lors.
Enfance et formation
François Gérard Georges Nicolas Hollande naît le 12 août 1954 à Rouen, en Seine-Maritime (alors Seine-Inférieure). Il grandit au sein d’une famille française aux influences politiques contrastées : son père, Georges Hollande, est médecin ORL et affiche des convictions très conservatrices (il se présente sur des listes d’extrême droite aux municipales de Rouen en 1959 et de Bois-Guillaume en 1965). Sa mère, Nicole Tribert, catholique de gauche, est assistante sociale de profession et s’engage en politique localement sous l’étiquette socialiste. En 1958, la famille quitte Rouen pour s’installer en région parisienne, à Neuilly-sur-Seine, où François poursuit sa scolarité dans un milieu aisé. Élève du lycée Pasteur à Neuilly, il obtient son baccalauréat en 1971 (mention assez bien).
Très tôt attiré par la chose publique, le jeune François Hollande s’intéresse à la politique dès l’adolescence. Après le lycée, il entreprend des études supérieures brillantes dans la capitale. Il décroche d’abord une licence de droit à l’université Panthéon-Assas, puis étudie à l’Institut d’études politiques de Paris (Sciences Po) dans la section Service public. Parallèlement, il intègre HEC Paris (Hautes Études Commerciales) dont il sort diplômé en 1975. Durant ces années étudiantes, Hollande milite à l’UNEF-Renouveau, une organisation étudiante proche du Parti communiste, signe de son engagement naissant à gauche. En 1976, il est d’abord exempté de service militaire pour cause de myopie, mais souhaite néanmoins servir : il repasse la visite médicale, est finalement incorporé comme officier de réserve et effectue 12 mois de service, qu’il termine avec le grade de lieutenant.
En 1977, François Hollande est admis à l’École nationale d’administration (ENA), l’école formant l’élite administrative française. Il intègre la promotion Voltaire (1978-1980) où il côtoie d’autres futurs hauts responsables politiques, dont Ségolène Royal qui deviendra sa compagne. À sa sortie de l’ENA en 1980, Hollande se classe 7ᵉ de sa promotion. Il choisit d’entrer à la Cour des comptes comme auditeur, tout en enseignant en parallèle l’économie à l’Institut d’études politiques de Paris (il sera maître de conférences à Sciences Po de 1980 à 1991). Ces solides formations et ses premiers pas dans la haute fonction publique le préparent à embrasser pleinement la carrière politique vers laquelle il s’oriente déjà.
Premiers engagements politiques et débuts au Parti socialiste
La carrière politique de François Hollande débute dans le sillage de la gauche mitterrandienne des années 1970. Il adhère au Parti socialiste en 1979, à 25 ans, alors que le PS est en pleine ascension et se prépare à la conquête du pouvoir. Ambitieux et travailleur, le jeune énarque s’implique rapidement dans les cercles du PS : grâce à une camarade de promotion, il rencontre des figures socialistes de premier plan (tels Louis Mexandeau, Raymond Forni ou Pierre Joxe) et se fait remarquer pour ses compétences en économie.
En 1981, l’alternance politique tant attendue par la gauche se produit. François Hollande apporte sa contribution à la campagne présidentielle de François Mitterrand. Il préside le comité de soutien de Mitterrand en Seine-Maritime, et lorsque celui-ci est élu Président de la République le 10 mai 1981, Hollande, à seulement 26 ans, intègre l’Élysée comme chargé de mission auprès du nouveau chef de l’État. Il conseille Mitterrand sur les questions économiques, au moment où le gouvernement lance sa politique de relance keynésienne et ses premières nationalisations. Cette expérience au cœur du pouvoir exécutif est formatrice pour le jeune homme, qui apprend aux côtés de Mitterrand les réalités de la gouvernance.
Poussé par son goût de l’action publique, François Hollande tente dès 1981 de décrocher un mandat électif. Aux élections législatives de juin 1981, quelques semaines après l’élection de Mitterrand, il se porte candidat à l’Assemblée nationale dans la Corrèze. Le choix de ce département n’est pas anodin : la Corrèze est le fief de Jacques Chirac, figure de la droite, que Hollande défie directement dans la 1ʳᵉ circonscription. Ce parachutage audacieux tourne court – le jeune prétendant est nettement battu par Chirac – mais il lui vaut une première notoriété médiatique en tant que brillant inconnu ayant osé affronter un ténor politique.
Après cet échec électoral, François Hollande continue de graviter dans les allées du pouvoir. En 1983, il devient directeur de cabinet de deux porte-parole du gouvernement socialiste de Pierre Mauroy (Max Gallo puis Roland Dumas). Il approfondit ainsi sa maîtrise de la communication politique et des rouages gouvernementaux. En 1984, il réintègre la Cour des comptes, cette fois en tant que conseiller référendaire, tout en restant actif en politique. La deuxième moitié des années 1980 le voit se préparer à un retour devant les électeurs, convaincu que son heure viendra.
Élu local, député et président du Conseil général de Corrèze
L’enracinement local de François Hollande en Corrèze sera l’un des piliers de sa carrière. Après son échec de 1981, il patiente jusqu’à ce que s’ouvre une nouvelle fenêtre électorale. Celle-ci survient en 1988 : bénéficiant du succès de la gauche aux législatives suivant la réélection de Mitterrand, Hollande est élu député de la Corrèze en juin 1988. À 33 ans, il fait son entrée à l’Assemblée nationale en ravissant la 1ʳᵉ circonscription corrézienne, longtemps terre d’élection de Jacques Chirac. Dès lors, il s’implante durablement en Corrèze, s’y bâtissant un fief électoral. Député de la Corrèze de 1988 à 1993, puis à nouveau sans interruption de 1997 à 2012, il représentera pendant près de 25 ans ce territoire rural du sud-ouest du Massif central. Il ne connaîtra qu’une seule traversée du désert parlementaire : en 1993, lors de la vague bleue qui emporte la gauche, il perd son siège de député (comme 255 de ses collègues socialistes) – un revers cuisant, mais temporaire.
Sur le plan local, François Hollande s’investit également dans la politique corrézienne. Il siège au conseil municipal de Tulle (principale ville du département) dès la fin des années 1980, et devient adjoint au maire. En mars 2001, fort de sa popularité locale croissante, il est élu maire de Tulle, après que la liste qu’il conduit l’emporte au premier tour des municipales avec 53,1 % des voix. Il exercera ce mandat municipal durant sept ans, de 2001 à 2008, modernisant l’image de cette petite préfecture de province. Sous son impulsion, Tulle développe par exemple de nouveaux équipements sportifs et culturels, illustrant sa volonté de dynamiser la ville.
Parallèlement, Hollande étend son influence au niveau départemental. En mars 2008, il se présente aux élections cantonales en Corrèze (canton de Vigeois) et est élu conseiller général. Quelques jours plus tard, profitant de la nouvelle majorité de gauche au sein de l’assemblée départementale, il devient président du Conseil général de Corrèze. Cette accession à la tête du département – autrefois fief de Jacques Chirac – a une forte portée symbolique. Hollande dirige le Conseil général de 2008 jusqu’à son élection à l’Élysée en 2012, mettant en œuvre sur le terrain des politiques de solidarité et de développement local. Ce poste exécutif local lui permet d’acquérir une expérience concrète de gestion, tout en soignant son ancrage auprès des Corréziens.
Ainsi, de la fin des années 1980 jusqu’au début des années 2010, François Hollande aura patiemment consolidé sa base électorale locale. Député presque inamovible de Corrèze (battu seulement en 1993), maire apprécié de Tulle et patron du département, il s’affirme comme un élu de terrain autant qu’un stratège national. Cette double légitimité – locale et nationale – sera un atout précieux lorsqu’il visera les plus hautes responsabilités.
Premier secrétaire du Parti socialiste (1997–2008)
En parallèle de ses mandats électifs, François Hollande gravit les échelons de l’appareil socialiste jusqu’à en prendre les rênes pendant plus de dix ans. Sa longue fonction de premier secrétaire du Parti socialiste, de 1997 à 2008, constitue l’une des étapes majeures de sa carrière et assoit sa stature de leader politique national.
La victoire de la gauche aux élections législatives de 1997 est l’élément déclencheur de cette promotion. En juin 1997, après la dissolution surprise de l’Assemblée par Jacques Chirac, les socialistes remportent les législatives. Lionel Jospin devient Premier ministre et forme un gouvernement de « cohabitation ». Or, Jospin occupait jusque-là le poste de premier secrétaire du PS ; son arrivée à Matignon l’oblige à passer la main à la tête du parti. C’est François Hollande, alors député de Corrèze redevenu parlementaire en 1997, que Jospin choisit pour lui succéder et tenir la maison socialiste en son absence. D’abord premier secrétaire par intérim, Hollande est ensuite formellement élu à la tête du PS lors du congrès de 1997, puis reconduit en 2000 et 2003, ce qui lui permet d’exercer cette responsabilité sans interruption jusqu’en 2008.
Au cours de ces onze années de direction, Hollande s’emploie à unifier et moderniser le PS, parfois décrit comme un « éléphanteau » au milieu des « éléphants » (barons) du parti. Doté d’un sens aigu du compromis, il pratique la synthèse entre les courants. Sous son leadership, le PS connaît des succès électoraux notables, mais aussi des échecs retentissants. En 1998, le parti profite de la dynamique de la « gauche plurielle » au pouvoir ; en 1999, il arrive en tête aux élections européennes. En 2001, les socialistes remportent la plupart des grandes villes aux municipales, confortant la position de Hollande. Mais en 2002 survient un traumatisme : l’élimination du candidat du PS, Lionel Jospin, dès le premier tour de la présidentielle face à Jean-Marie Le Pen. Hollande, alors patron du parti, doit gérer l’état de choc et la crise interne qui s’ensuit. Durant l’entre-deux-tours de 2002, il appelle à faire barrage à l’extrême droite en votant Chirac.
François Hollande œuvre ensuite à la reconstruction du PS. Réélu premier secrétaire après 2002, il adopte une ligne de gauche modérée. En 2004, le PS renaît en remportant triomphalement les élections régionales (20 régions sur 22 basculent à gauche) et européennes – des victoires électorales qui redonnent le moral aux militants. Cependant, l’unité du parti se fissure à nouveau en 2005 à l’occasion du référendum sur le traité constitutionnel européen. Hollande milite pour le « oui », mais une partie de la gauche (menée notamment par Laurent Fabius) fait campagne pour le « non ». Le « non » l’emporte dans les urnes, révélant de profondes divisions internes. Ce désaveu cinglant affaiblit l’autorité du premier secrétaire, critiqué par l’aile gauche du PS pour son alignement sur une construction européenne jugée trop libérale.
Malgré ces tensions, François Hollande reste à la tête du parti et prépare l’échéance présidentielle de 2007. Il renonce à être lui-même candidat, face à la montée en puissance de sa compagne d’alors, Ségolène Royal, qui s’impose comme la candidate socialiste pour 2007. Durant la campagne de Ségolène Royal, Hollande joue un rôle en retrait pour éviter les conflits d’intérêts, tout en contribuant à l’élaboration du programme du PS. L’élection de 2007 se solde par la défaite de Royal face à Nicolas Sarkozy. Au soir même du second tour des législatives de juin 2007, Ségolène Royal annonce publiquement leur séparation, révélant la détérioration de leur relation personnelle et politique. Cet épisode jette une lumière crue sur les divergences internes : Royal ambitionne alors de prendre la tête du PS, tandis que Hollande, affaibli par la défaite, voit son autorité contestée.
En 2008, François Hollande décide de ne pas briguer un nouveau mandat de premier secrétaire lors du congrès de Reims. Après plus d’une décennie au poste suprême du parti, il quitte la direction du PS en laissant derrière lui un parti en quête de renouvellement. C’est Martine Aubry qui lui succède en novembre 2008, au terme d’un vote interne très disputé. Hollande avait soutenu la candidature de Bertrand Delanoë, mais c’est finalement Aubry qui l’emporte face à Ségolène Royal. Ainsi s’achève le long règne de François Hollande à la tête du Parti socialiste.
Pendant ces années, celui que d’aucuns surnomment Monsieur Loyal ou le roi de la synthèse aura tenu bon entre les pressions des différents courants. Le PS de Hollande a maintenu son unité relative et remporté des succès intermédiaires, mais a aussi souffert d’un manque de ligne tranchée. Son style de direction, fondé sur l’humour, la bienveillance et l’absence d’idéologie rigide, a permis d’éviter les schismes – tout en suscitant le reproche d’un certain flou. Cette capacité à rassembler au centre de gravité du parti a fait de François Hollande un chef naturel pour la famille socialiste, ce qui lui a ouvert la voie pour viser l’Élysée quelques années plus tard.
Campagne présidentielle de 2012
Après la fin de son mandat de premier secrétaire, François Hollande se recentre sur son fief corrézien et prépare en coulisses son ambition présidentielle. Dès 2011, une fenêtre historique s’ouvre : le président Sarkozy est affaibli après un quinquennat agité, et Dominique Strauss-Kahn, favori socialiste pour 2012, est éliminé de la course à la suite d’un scandale retentissant. François Hollande se porte candidat aux primaires citoyennes socialistes de 2011. Annonçant sa candidature dès mars 2011, il fait figure d’outsider face à des personnalités plus médiatiques (Martine Aubry, Ségolène Royal, Arnaud Montebourg). Mais avec un travail de terrain méthodique, une image modérée de rassembleur et le contexte favorable (l’affaire DSK ayant rebattu les cartes), Hollande crée la surprise. Le 16 octobre 2011, il remporte la primaire socialiste au second tour avec près de 56 % des voix face à Martine Aubry, obtenant ainsi l’investiture du PS pour l’élection présidentielle de 2012.
Dès lors, François Hollande se lance dans la campagne présidentielle de 2012 avec l’objectif de faire revenir la gauche à l’Élysée après 17 ans d’absence (depuis 1995, fin du mandat de Mitterrand). Il construit sa campagne sur un style à contre-pied de Nicolas Sarkozy. Se présentant comme « un président normal », proche des gens, il promet la réconciliation des Français avec la politique après le mandat clivant de son prédécesseur. Le slogan de son premier grand meeting au Bourget en janvier 2012 – « Le changement, c’est maintenant » – donne le ton d’une campagne axée sur la justice sociale et le renouveau. Lors de ce meeting, Hollande prononce une phrase restée célèbre : « Mon véritable adversaire, il n’a pas de nom, pas de visage… Cet adversaire, c’est le monde de la finance », fustigeant la finance internationale comme responsable des désordres économiques. Cette philippique contre la finance frappe l’opinion et positionne Hollande sur une ligne de gauche affirmée.
Parmi ses promesses phares, le candidat socialiste propose la création d’une tranche d’impôt à 75 % pour les revenus au-delà d’un million d’euros, le recrutement de 60 000 postes dans l’Éducation nationale, la mise en place d’une banque publique d’investissement, la baisse de 30 % du salaire du président et des ministres, la renégociation du traité européen d’austérité (TSCG) pour y ajouter un volet croissance, ou encore la légalisation du mariage pour les couples de même sexe. Il s’engage aussi à ramener le déficit public à 3 % du PIB en 2013 sans plans de rigueur drastiques, marquant sa différence avec l’austérité prônée par son adversaire.
Face à Nicolas Sarkozy, candidat à sa réélection, François Hollande mène une campagne solide, même si le duel s’annonce serré. Hollande sillonne la France, martelant son message d’égalité et de redressement dans la justice. Dans l’entre-deux-tours, il reçoit le soutien des autres candidats de gauche et du centre gauche, tandis que Sarkozy doit composer avec une droite divisée et la montée de Marine Le Pen (arrivée en troisième position du premier tour). Lors du débat d’entre-deux-tours, Hollande marque les esprits par son anaphore « Moi, Président… » répétée 15 fois pour énumérer comment il exercerait la fonction présidentielle différemment de son rival – séquence oratoire qui renforce son image présidentiable.
Le 6 mai 2012, François Hollande est élu président de la République en remportant le second tour de l’élection présidentielle avec 51,64 % des suffrages exprimés, contre 48,36 % à Nicolas Sarkozy. Cette victoire, l’une des plus serrées de la Vᵉ République, fait de lui le premier président socialiste depuis François Mitterrand (21 ans après). Les Français ont choisi l’alternance dans un contexte de crise économique en Europe, et portent ainsi au pouvoir un homme qui n’avait encore jamais exercé de fonction ministérielle mais incarnait, à leurs yeux, un changement tranquille. Le soir même, Hollande fête sa victoire à Tulle puis sur la place de la Bastille à Paris, saluant « un peuple qui se lève pour la justice » et affirmant vouloir être le président de tous. Le 15 mai 2012, il est officiellement investi à l’Élysée, devenant le 7ᵉ président de la Vᵉ République et démarrant ainsi un quinquennat placé sous le signe du changement.
Présidence de François Hollande (2012–2017)
Le quinquennat de François Hollande (2012-2017) s’ouvre dans un contexte difficile – crise de la zone euro, dette publique élevée, chômage endémique – et sera ponctué d’événements majeurs sur tous les fronts : économie, société, sécurité intérieure, affaires internationales. Le président Hollande forme d’abord un gouvernement de gauche plurielle dirigé par Jean-Marc Ayrault, avec lequel il met en œuvre ses premières mesures. Très vite, il doit arbitrer entre les attentes de sa base électorale et les contraintes économiques. Au cours du mandat, sa politique Hollande évoluera sensiblement, connaissant un tournant pro-entreprises en 2014 qui divisera son camp. Parallèlement, son gouvernement fera adopter des réformes Hollande importantes sur le plan sociétal, tandis que le chef de l’État sera confronté au terrorisme jihadiste sur le sol français et engagera les troupes françaises dans des opérations à l’étranger. Voici les principaux axes du quinquennat :
Économie et politique fiscale
En arrivant à l’Élysée, François Hollande hérite d’une situation économique morose : croissance atone, déficit public au-dessus de 5 % du PIB, et surtout un chômage élevé (environ 9-10 % de la population active) qui n’a cessé d’augmenter depuis la crise de 2008. Conformément à ses promesses de campagne, ses débuts de mandat mettent l’accent sur la fiscalité des plus aisés et la préservation du modèle social, avant qu’un virage économique ne se dessine en cours de quinquennat.
Dès 2012-2013, le gouvernement Ayrault prend des mesures fiscales symboliques : création d’une nouvelle tranche d’impôt sur le revenu à 45 % pour les revenus supérieurs, hausse de l’imposition sur le capital, et surtout instauration exceptionnelle d’un taux d’imposition de 75 % sur la part des revenus dépassant 1 million d’euros. Cette contribution « exceptionnelle de solidarité » ciblant les très hauts revenus – rapidement surnommée « taxe à 75 % » – est adoptée fin 2012, mais sera censurée par le Conseil constitutionnel puis appliquée différemment (via une taxe acquittée par les entreprises sur les salaires supérieurs à 1 million). Elle symbolise la volonté initiale de Hollande de faire contribuer davantage les riches dans l’effort national. Par ailleurs, afin de tenir l’objectif européen de réduction des déficits, l’exécutif augmente certains impôts (par exemple la TVA en 2014) et rabote des niches fiscales. Ces hausses d’impôts, touchant en partie les classes moyennes, provoquent un mécontentement fiscal dans le pays – le fameux « ras-le-bol fiscal » de 2013 – et entament la popularité du gouvernement.
Simultanément, Hollande doit faire face à la montée du chômage. En septembre 2012, il promet d’« inverser la courbe du chômage » d’ici fin 2013, condition qu’il lie implicitement à son éventuelle candidature en 2017. Malgré certaines mesures comme les emplois d’avenir pour les jeunes ou les contrats de génération, le chômage continue initialement d’augmenter. Sur l’ensemble du quinquennat, le nombre de demandeurs d’emploi en catégories A, B, C augmentera d’environ 1,1 million, reflet d’une croissance trop faible pour résorber le problème. Ce n’est qu’en toute fin de mandat, en 2016, que le chômage commencera à baisser légèrement (–68 000 chômeurs de catégorie A sur l’année 2016), insuffisant pour changer la perception d’un échec dans ce domaine.
Conscient des limites de sa politique initiale et sous la pression de la Commission européenne (qui accorde des délais à la France pour rentrer dans les clous budgétaires), François Hollande opère en 2014 un tournant économique majeur vers l’offre. Il annonce en janvier 2014 le Pacte de responsabilité et de solidarité, mesure centrale de sa politique économique Hollande. Ce pacte consiste à offrir aux entreprises une forte baisse des charges sociales (allègements de cotisations familiales et baisse des impôts de production), à hauteur de 30 milliards d’euros, en échange – espéré – de créations d’emplois. Il prolonge et amplifie le Crédit d’impôt pour la compétitivité et l’emploi (CICE) créé fin 2012, un crédit d’impôt accordé aux entreprises pour diminuer le coût du travail et stimuler l’emploi. L’idée directrice du président est alors de restaurer la compétitivité des entreprises françaises, estimant que le « choc de compétitivité » est indispensable pour relancer la croissance et l’emploi. Ce choix d’une politique dite sociale-libérale – rapprochant Hollande de la troisième voie à la Blair ou Schröder – marque une rupture avec la plateforme de 2012 et suscite de vives critiques à gauche.
Le nouveau Premier ministre, Manuel Valls (nommé en mars 2014 après la déroute du PS aux municipales), est chargé de mettre en œuvre ce virage pro-entreprises. Le gouvernement fait passer des lois de dérégulation et de libéralisation, comme la loi Macron (2015) qui ouvre certaines professions réglementées et libéralise le transport en autocars, ou la loi El Khomri (2016) réformant le droit du travail pour introduire plus de flexibilité (inversion de la hiérarchie des normes, barème prudental pour les indemnités de licenciement, etc.). Cette dernière réforme, adoptée à l’été 2016 en utilisant l’article 49.3 faute de majorité assurée, déclenche de massives manifestations et le mouvement Nuit debout, reflétant la fracture entre le gouvernement et une partie de la jeunesse et de la base de gauche.
Sur le plan des comptes publics, Hollande parvient à réduire progressivement le déficit (ramené autour de 3,3 % du PIB en 2016 contre plus de 5 % en 2011), sans toutefois atteindre la barre des 3 % durant son mandat. La dette publique continue d’augmenter en valeur absolue, mais sa progression ralentit en pourcentage du PIB en fin de quinquennat grâce à la reprise. La croissance économique reste faible sur la période (en moyenne +1 % l’an), pénalisant la décrue du chômage. Néanmoins, quelques indicateurs s’améliorent en 2016-2017 : la compétitivité des entreprises françaises se redresse légèrement (baisse du coût du travail, hausse des marges grâce au CICE), et le chômage amorce enfin une diminution modeste. Hollande argumentera qu’il laisse une économie en voie de redressement, même si ce bilan demeure controversé.
En résumé, la présidence Hollande côté économie aura connu deux phases distinctes : une phase initiale marquée par des hausses d’impôts et une politique de demande (sauvegarde des dépenses sociales, emplois aidés) suivie, à mi-mandat, d’une inflexion nette vers une politique de l’offre favorable aux employeurs. Ce revirement – jugé nécessaire par certains pour moderniser l’économie française, dénoncé par d’autres comme une trahison des engagements – a profondément divisé la majorité et l’électorat de gauche. François Hollande, qui voulait être le président de la réconciliation des Français, a vu sa popularité chuter à des niveaux record en grande partie à cause de ces arbitrages économiques impopulaires.
Réformes sociétales
Malgré un contexte économique morose, le quinquennat Hollande a été marqué par d’importantes réformes sociétales, conformément aux engagements progressistes du candidat Hollande. La plus emblématique est sans conteste la loi ouvrant le mariage pour tous, c’est-à-dire le mariage civil pour les couples de même sexe. Cette réforme de société majeure figurait parmi les 60 engagements de campagne de François Hollande et a été menée tambour battant dès la première année de mandat.
Le projet de loi ouvrant le mariage et l’adoption aux couples de même sexe, porté par la garde des Sceaux Christiane Taubira, est déposé au Parlement dès novembre 2012. Après des mois de débats passionnés au Parlement et dans la société civile – émaillés de manifestations massives tant favorables (Mariage pour tous) que d’opposition virulente (Manif pour tous) – la loi est finalement définitivement adoptée le 23 avril 2013 à l’Assemblée nationale. Validée par le Conseil constitutionnel, elle est promulguée le 17 mai 2013 sous le nom de loi n° 2013-404. Le premier mariage homosexuel en France sera célébré quelques jours plus tard, le 29 mai 2013 à Montpellier. Pour François Hollande et sa majorité, c’est une victoire historique en matière de droits civiques et d’égalité : la France devient le 14ᵉ pays au monde à ouvrir le mariage aux couples de même sexe. Cette réforme sociétale – souvent appelée simplement « loi Taubira » – restera comme un acquis social durable du quinquennat Hollande, malgré les divisions profondes qu’elle a révélées au sein de la société française.
Outre le mariage pour tous, le gouvernement Hollande a promulgué d’autres lois sociétales progressistes visant à promouvoir l’égalité et les droits. L’une d’elles est la loi pour l’égalité réelle entre les femmes et les hommes, adoptée en août 2014, qui comporte un éventail de mesures pour combattre les inégalités de genre : partage du congé parental entre père et mère pour inciter les pères à s’impliquer, lutte contre les violences conjugales, égalité professionnelle, renforcement de la parité en politique, etc. Ce texte ambitieux, préparé par la ministre Najat Vallaud-Belkacem, est présenté comme « fondateur et emblématique du quinquennat de François Hollande » en matière de droits des femmes. S’y ajoutent la garantie des pensions alimentaires (création d’une agence pour recouvrer les impayés), la pénalisation des clients de la prostitution (loi d’avril 2016), ou encore l’élargissement du droit à l’avortement (suppression en 2014 de la notion de détresse dans la loi IVG de 1975, et remboursement à 100 % de l’IVG par la Sécurité sociale).
Par ailleurs, la majorité de gauche entreprend de renforcer la laïcité et la lutte contre les discriminations. Une Charte de la laïcité est mise en place à l’école en 2013 afin de réaffirmer les principes de neutralité et de vivre-ensemble. La lutte contre le racisme et l’antisémitisme, ainsi que contre l’homophobie, est érigée en priorité (avec des plans gouvernementaux dédiés). En 2013 toujours, le code pénal est enrichi d’une nouvelle infraction de harcèlement sexuel, pour combler le vide laissé par la censure de la précédente loi sous Sarkozy – signe de la vigilance accrue sur les droits des femmes.
Certaines promesses sociétales de François Hollande n’aboutiront toutefois pas. Il avait envisagé de permettre le droit de vote des étrangers non communautaires aux élections locales, mesure symbolique pour la gauche, mais faute de majorité des 3/5 au Congrès pour réformer la Constitution, cette idée est abandonnée en cours de mandat. De même, le projet d’ouvrir la procréation médicalement assistée (PMA) aux couples de femmes sera reporté puis réalisé sous le quinquennat suivant.
En bilan, sous Hollande, la France a connu un vrai progrès en matière de mœurs et d’égalité avec le mariage pour tous notamment, ce qui constitue un marqueur fort du quinquennat. Ces réformes sociétales sont d’autant plus notables qu’elles ont été conduites au milieu de vents contraires – mobilisation conservatrice de la Manif pour tous, distractions causées par d’autres crises. François Hollande se dira particulièrement fier d’avoir fait aboutir la loi sur le mariage pour tous, considérant qu’elle a fait avancer la société vers plus de justice. Pour la postérité, cette réforme demeure associée à son nom.
Politique de sécurité et lutte contre le terrorisme
La politique de sécurité intérieure de François Hollande a été dramatiquement marquée par la vague d’attentats terroristes qui a frappé la France en 2015-2016. Le président Hollande, qui au départ axait son discours sécuritaire sur la prévention de la délinquance et la police de proximité, a dû faire face à l’une des plus graves menaces qu’ait connues le pays en temps de paix : le terrorisme djihadiste sur le sol national. Ces événements tragiques ont profondément influé sur son quinquennat, conduisant à un renforcement sans précédent des dispositifs de sécurité et à une affirmation de l’unité nationale face à la barbarie.
Une première alerte intervient dès mars 2012, juste avant l’élection de Hollande, avec les tueries perpétrées par Mohamed Merah à Toulouse et Montauban – mais c’est sous la présidence Hollande que le terrorisme islamiste va frapper de plein fouet la France. Le 7 janvier 2015, deux terroristes s’attaquent à la rédaction du journal Charlie Hebdo à Paris, assassinant 12 personnes dont des dessinateurs emblématiques. Les jours suivants, des attaques coordonnées visent des policiers et un supermarché cacher (attentat de l’Hyper Cacher), portant le bilan total à 17 morts sur trois jours. Le président Hollande réagit en appelant à l’unité nationale et en participant, le 11 janvier 2015, à une immense marche républicaine à Paris aux côtés de nombreux dirigeants étrangers, plébiscitant la liberté d’expression. Ces attentats de janvier 2015 provoquent un électrochoc dans la population, tout en suscitant un sursaut autour du chef de l’État qui voit sa popularité remonter brièvement (le traditionnel effet d’union nationale).
L’année 2015 s’avère tragiquement l’année noire du quinquennat en matière de terrorisme. Le 13 novembre 2015, une série d’attaques coordonnées frappe Paris et Saint-Denis : des kamikazes se font exploser près du Stade de France, tandis que plusieurs fusillades éclatent dans des terrasses de cafés parisiens et qu’une prise d’otages sanglante a lieu dans la salle de spectacle du Bataclan en pleine concert. Ces attentats du 13-Novembre 2015 – revendiqués par l’organisation État islamique – font 130 morts et des centaines de blessés, un choc sans précédent dans l’histoire française contemporaine. Face à l’horreur, François Hollande adopte un ton grave et résolu : dans la nuit même, il décrète l’état d’urgence sur tout le territoire et ferme temporairement les frontières. Trois jours plus tard, il prononce un discours solennel devant le Parlement réuni en Congrès à Versailles, déclarant que « la France est en guerre » contre le terrorisme djihadiste. Sous son impulsion, le Parlement prolonge l’état d’urgence pour de longs mois et renforce l’arsenal législatif antiterroriste.
Concrètement, la lutte contre le terrorisme sous Hollande se traduit par une sécurité intérieure renforcée : déploiement de l’opération Sentinelle (des milliers de militaires patrouillant dans les rues pour rassurer et dissuader), recrudescence des effectifs de renseignement et de police, adoption de nouvelles lois élargissant les moyens d’enquête (loi renseignement 2015, lois antiterroristes 2016 et 2017) et facilitant l’assignation à résidence ou les perquisitions administratives sous état d’urgence. Le président envisage même de réviser la Constitution pour permettre la déchéance de nationalité des binationaux condamnés pour terrorisme – mesure symbolique qui crée un vif débat et conduit à la démission de Christiane Taubira, opposée au projet. Finalement, faute de consensus, Hollande renoncera à cette réforme constitutionnelle en mars 2016, confessant plus tard que c’est son « seul regret » de quinquennat d’avoir proposé cette mesure qui a divisé.
En juillet 2016, le terrorisme frappe encore, avec l’attentat au camion-bélier à Nice le 14 juillet (86 morts sur la Promenade des Anglais) et le meurtre d’un prêtre à Saint-Étienne-du-Rouvray. Chaque fois, Hollande appelle à la résistance et au refus de la haine, tout en durcissant la riposte sécuritaire. Bien que critiqué par l’opposition de droite pour son supposé laxisme antérieur, le président socialiste aura, par la force des choses, conduit l’une des politiques antiterroristes les plus robustes de la Vᵉ République.
Ces épreuves ont mis en lumière le sang-froid et la solennité dont François Hollande a su faire preuve dans les moments critiques. Son attitude digne lors des hommages aux victimes (comme l’émouvante cérémonie aux Invalides le 27 novembre 2015), sa détermination à « protéger les Français » et à traquer les terroristes ont été soulignées, y compris par ses détracteurs. Durant quelques semaines après les attentats du 13-Novembre, sa cote de confiance a même connu un net rebond, certains saluant un leadership de crise efficace (il atteint environ 50 % d’opinions positives fin novembre 2015, un sommet inespéré comparé aux mois précédents). Cependant, cet effet ne dure pas, et très vite les polémiques sur l’efficacité réelle des mesures de sécurité et les divisions sur la déchéance de nationalité font retomber la confiance.
En définitive, la lutte contre le terrorisme sous Hollande s’est inscrite dans la continuité de l’union nationale d’urgence, avec un véritable renforcement de l’outil sécuritaire à l’intérieur (parfois au prix de critiques sur les atteintes aux libertés publiques en état d’urgence). François Hollande aura sans doute été le président confronté à la plus grave vague terroriste en France, et son quinquennat restera durablement associé à ces événements tragiques de 2015. Sa phrase « la France est en guerre » a marqué les esprits, tout comme l’image d’un chef de l’État souvent présent aux côtés des victimes et des forces de l’ordre durant ces moments douloureux.
Politique étrangère
Sur la scène internationale, le quinquennat de François Hollande s’est traduit par un activisme certain de la France, qui est intervenue militairement à plusieurs reprises et a pesé diplomatiquement dans de grandes crises mondiales. La politique étrangère de Hollande a combiné la tradition française d’indépendance et de défense des droits de l’homme, avec un engagement européen fort et la volonté de maintenir le rang de la France dans le monde. Plusieurs dossiers majeurs ont jalonné sa présidence : l’Afrique (Mali, Centrafrique), le Moyen-Orient (guerre en Syrie, lutte contre Daech), la crise ukrainienne, sans oublier le pilotage de la diplomatie climatique.
Le premier fait marquant intervient quelques mois à peine après son élection, en janvier 2013, lorsque François Hollande décide d’engager la France dans une opération militaire d’urgence au Mali. Face à l’avancée soudaine de groupes djihadistes armés menaçant la capitale malienne, il déclenche l’opération Serval le 11 janvier 2013. En accord avec les autorités maliennes et soutenu par l’ONU, le président ordonne l’intervention de troupes françaises pour stopper les combattants islamistes et les chasser du nord du Mali, qu’ils occupaient depuis 2012. L’opération Serval est un succès militaire rapide : en quelques semaines, les villes tombées aux mains des djihadistes (Gao, Tombouctou, Kidal) sont reprises. François Hollande est acclamé lors de sa visite à Tombouctou fin janvier 2013, où la population malienne le remercie d’avoir agi « en ami fidèle ». Cette guerre au Mali – conduite avec détermination et prudence (aucun enlisement, retrait partiel après la phase active) – vaut à Hollande le surnom de « président de guerre » dans la presse, avec une popularité brièvement renforcée par ce coup d’éclat sur la scène africaine. Par la suite, l’opération Serval est remplacée en août 2014 par l’opération Barkhane, une force française antiterroriste régionale au Sahel, traduisant l’engagement durable de la France contre le terrorisme au-delà de ses frontières.
Quelques mois après le Mali, en décembre 2013, François Hollande décide d’une nouvelle intervention en Afrique en proie au chaos : la Centrafrique. L’opération Sangaris est lancée pour mettre fin aux violences intercommunautaires dans ce pays, sous mandat de l’ONU, et éviter un génocide. Là encore, l’action française est saluée sur le plan humanitaire, même si l’opération s’éternise quelque peu avant un retrait fin 2016.
En parallèle, le président Hollande doit gérer l’épineux dossier du conflit syrien. Dès 2012, la France se montre très critique envers le régime de Bachar el-Assad, accusé de massacres, et Hollande plaide pour son départ du pouvoir. En août 2013, après l’attaque chimique massive perpétrée dans la Ghouta près de Damas, François Hollande se dit prêt à frapper militairement le régime syrien aux côtés des États-Unis de Barack Obama. Il mobilise l’armée française pour une opération punitive, mais l’initiative échoue in extremis : le président Obama renonce finalement à intervenir militairement, préférant un démantèlement de l’arsenal chimique syrien sous supervision internationale. Hollande, qui avait affirmé que « la France répondra présente » pour punir l’usage d’armes chimiques, se retrouve isolé et doit renoncer aux frappes, non sans un certain ressentiment envers l’allié américain. Par la suite, la France s’impliquera autrement : elle sera le premier pays à rejoindre la coalition anti-Daech (EI) en Irak en 2014, puis en Syrie en 2015 après les attentats de Paris. Sous Hollande, l’armée de l’air mène des bombardements contre l’État islamique sur ces théâtres, participant à l’endiguement de l’organisation terroriste. Toutefois, la guerre en Syrie restera un échec diplomatique collectif, Assad se maintenant au pouvoir avec l’appui de la Russie.
En Europe, François Hollande s’affirme comme un acteur clef lors de la crise de la zone euro et de la crise grecque. Élu en pleine tourmente financière, il tente dès 2012 de renégocier le pacte budgétaire européen pour y inclure une dimension de croissance. S’il ne parvient pas à modifier les règles de déficit (l’or noir des 0,5 % de déficit structurel reste dans le traité TSCG), il obtient un pacte pour la croissance et l’emploi en contrepartie, injectant 120 milliards d’euros dans des projets d’investissement européen. Surtout, en 2015, lorsque la Grèce du gouvernement Tsípras menace de sortir de la zone euro (crise de la dette grecque), François Hollande joue un rôle de médiateur décisif. Contrairement à l’intransigeance d’Angela Merkel initialement favorable à un Grexit temporaire, Hollande fait tout pour éviter ce scénario et garder la Grèce dans l’euro. Après d’âpres négociations (nuits blanches à Bruxelles), il contribue à arracher en juillet 2015 un accord entre la Grèce et ses créanciers (accord dit Minsk II de la dette grecque). Son insistance porte ses fruits : « la Grèce est restée dans la zone euro, grâce à la France » dira-t-il fièrement plus tard. Sur ce dossier, Hollande se pose en sauveur de l’unité de l’euro, gagnant l’estime de nombreux Européens du sud.
Le couple franco-allemand sous Hollande connaît des hauts et des bas. S’il entretient avec la chancelière Merkel une relation de travail respectueuse, les deux dirigeants ont parfois affiché des divergences de vue, notamment sur les questions économiques (rigueur budgétaire versus relance). Le tandem ne sera pas aussi fusionnel que celui de Mitterrand-Kohl ou Sarkozy-Merkel, la presse notant une certaine tiédeur : « le couple Merkel-Hollande ne restera certainement pas dans les livres d’histoire », une incompréhension ayant perduré pendant tout le quinquennat. Néanmoins, aux moments critiques (crise grecque, conflit ukrainien), Hollande et Merkel ont su agir de concert. En février 2015, tous deux se rendent à Minsk pour négocier avec Vladimir Poutine et Petro Porochenko un cessez-le-feu dans l’est de l’Ukraine. Les Accords de Minsk (février 2015) portent leur empreinte, même si leur application restera précaire. François Hollande aura donc participé activement aux efforts de paix en Ukraine, se posant en artisan diplomatique aux côtés de l’Allemagne dans la résolution de conflits aux portes de l’Europe.
Enfin, Hollande a imprimé sa marque dans la diplomatie climatique et écologique (voir section suivante) et maintenu la tradition onusienne de la France. Il a par exemple été le premier dirigeant occidental à se rendre en République centrafricaine après l’intervention de 2013, a défendu l’accord sur le nucléaire iranien conclu en 2015 (accord de Vienne), et a poursuivi la coopération avec l’Afrique francophone (sommets de la Francophonie, etc.). Avec les États-Unis de Barack Obama, les relations ont été bonnes – Hollande étant proche d’Obama, qu’il reçoit en grand pompe lors de sa visite d’État de 2014. En revanche, l’arrivée de Donald Trump en 2017 détériore la relation transatlantique naissante, Trump se montrant très critique de l’accord de Paris sur le climat cher à Hollande.
En somme, le bilan de Hollande en politique étrangère est celui d’un président qui n’a pas hésité à projeter la puissance française lorsque nécessaire (Mali, Centrafrique, Irak/Syrie) tout en cherchant à multilatéraliser les solutions (UE, ONU). Il a voulu conjuguer fermeté contre le terrorisme et recherche du compromis diplomatique dans les conflits (Ukraine, Iran). Si tout n’a pas été couronné de succès (le chaos syrien lui échappe), François Hollande a globalement maintenu le rang de la France sur la scène internationale et laissé quelques empreintes positives, notamment en Afrique et en Europe, où sa persévérance a été saluée.
Écologie et COP21
L’écologie occupe une place particulière dans le quinquennat de François Hollande, culminant avec l’organisation de la COP21 à Paris en 2015 qui donnera naissance à l’Accord de Paris sur le climat. Si, en début de mandat, les questions environnementales semblent parfois reléguées derrière les urgences économiques, Hollande va progressivement faire de la lutte contre le changement climatique un domaine d’excellence de la diplomatie française, aboutissant à l’un des plus grands succès internationaux de son quinquennat.
Dès 2012, le gouvernement Ayrault prend quelques mesures fortes en matière d’écologie : il instaure un moratoire (puis une interdiction) sur l’exploration des gaz de schiste par fracturation hydraulique, il lance un grand débat national sur la transition énergétique, et s’engage à réduire la part du nucléaire dans la production d’électricité de 75 % à 50 % d’ici 2025. En 2014, Ségolène Royal, nommée ministre de l’Écologie, fait voter la loi de transition énergétique pour la croissance verte (2015), qui fixe des objectifs ambitieux : division par deux de la consommation énergétique finale d’ici 2050, baisse de 40 % des émissions de gaz à effet de serre en 2030 (par rapport à 1990), développement des énergies renouvelables (portées à 32 % du mix en 2030), etc. Cette loi-cadre, couplée à la montée en puissance de la fiscalité carbone, traduit les engagements écologiques internes de la France sous Hollande. Toutefois, certains écologistes regrettent des incohérences, comme le report de l’objectif de fermeture de la centrale nucléaire de Fessenheim (promis initialement en 2012 et réalisé finalement en 2020 sous le quinquennat suivant).
C’est surtout sur la scène internationale que François Hollande va marquer de son empreinte l’agenda climatique. La France est désignée pays hôte de la 21ᵉ Conférence des parties sur le climat (COP21), prévue fin 2015 à Paris. Le président s’implique personnellement pour assurer le succès de ce sommet crucial, dont l’objectif est de parvenir à un accord mondial contraignant pour limiter le réchauffement climatique. Malgré l’ombre des attentats de novembre 2015 qui planent sur la conférence, Hollande maintient l’événement et accueille à Paris les délégations de 196 pays pendant deux semaines, en décembre 2015. Sous l’impulsion du ministre des Affaires étrangères Laurent Fabius (président de la COP21) et avec l’appui constant de Hollande en coulisses, les négociateurs parviennent, après de longues nuits de discussion, à un accord historique le 12 décembre 2015.
L’Accord de Paris est adopté à l’unanimité des parties : il s’agit du premier accord universel sur le climat, engageant l’ensemble des pays – développés comme en développement – à prendre des mesures pour contenir le réchauffement « bien en dessous de 2 °C » et poursuivre les efforts pour le limiter à 1,5 °C. Cet accord, qualifié d’« historique, durable et ambitieux » par de nombreux observateurs, prévoit en outre un mécanisme de révision des engagements (les pays devront rehausser régulièrement leurs objectifs de réduction d’émissions) et la mobilisation de financements pour aider les pays pauvres à s’adapter au changement climatique. Bien sûr, il n’est pas parfait – les promesses de réduction laissent présager un réchauffement d’environ 3 °C si rien de plus n’est fait – mais il constitue une base solide et, pour la première fois, unit quasiment toute la planète dans un effort commun contre un défi majeur.
Pour la France et pour François Hollande, l’obtention de l’Accord de Paris est un triomphe diplomatique. Jamais un sommet climatique n’avait abouti à un tel consensus depuis l’échec retentissant de Copenhague en 2009. La réussite de la COP21 est saluée mondialement : on parle du « plus grand succès diplomatique français depuis des décennies », et Hollande, qui a su créer les conditions politiques propices (notamment en renforçant l’axe avec la Chine et en convainquant l’Inde de s’associer à l’effort), en tire un immense prestige. Le Paris Agreement est signé en grande pompe par les dirigeants internationaux en avril 2016 à New York, et entrera en vigueur en novembre 2016 après sa ratification rapide (la France sera d’ailleurs le premier grand pays industrialisé à ratifier l’accord en juin 2016).
Ce succès vient embellir le bilan international de François Hollande. Lui-même, lors de la cérémonie finale de la COP21, très ému, déclare : « Le 12 décembre 2015 restera une grande date pour la planète ». Effectivement, l’Accord de Paris est souvent cité comme l’un des principaux legs positifs de son quinquennat au-delà des frontières. Même si, ultérieurement, la décision de Donald Trump de quitter l’Accord (annoncée en 2017) en atténuera l’enthousiasme, l’accord tiendra bon et sera réintégré par les États-Unis sous Joe Biden.
En termes d’image politique, la réussite de la COP21 a montré un François Hollande à l’aise dans le rôle de fédérateur mondial pour une cause d’intérêt général, contrastant avec ses difficultés sur le front intérieur. Par la diplomatie climatique, il a démontré la capacité de la France à être « grande sur le climat », selon ses propres mots.
Relations avec la gauche et “fronde” socialiste
Si François Hollande a dû composer avec une opposition de droite classique durant son mandat, il a aussi été confronté à une adversité plus inattendue : celle venant de sa propre majorité, à travers le phénomène de la “fronde” au sein du Parti socialiste. La fronde socialiste désigne le mouvement de contestation mené par une partie des députés PS, à partir de 2014, mécontents du tournant centriste et libéral de la politique gouvernementale. Cette fronde interne a compliqué la fin de mandat de Hollande, reflétant la rupture de confiance entre le président et l’aile gauche de son camp.
Dès l’origine du quinquennat, quelques signaux laissaient poindre des dissensions. En octobre 2012, seulement quelques mois après l’élection de Hollande, une poignée de députés socialistes refusent de voter la ratification du Traité budgétaire européen (TSCG) pourtant négocié par le gouvernement, estimant qu’Hollande avait renié sa promesse de renégociation approfondie du traité. Une vingtaine de députés PS votent contre ou s’abstiennent, marquant le premier accroc dans la discipline de vote socialiste. Par la suite, à plusieurs reprises en 2013, des minorités de députés de la majorité manifestent leur désaccord sur des textes (réforme des retraites, loi de sécurisation de l’emploi).
C’est toutefois en 2014, avec l’arrivée de Manuel Valls à Matignon et l’annonce du Pacte de responsabilité, que la fronde prend de l’ampleur et s’organise. En désaccord avec la ligne économique jugée trop favorable aux entreprises et austéritaire (réduction des dépenses publiques, allègements sans contreparties suffisantes), un collectif de députés socialistes se structure pour demander une inflexion de la politique gouvernementale. Parmi les figures de ces frondeurs figurent des proches de Martine Aubry, des quadras comme Benoît Hamon ou Arnaud Montebourg (ce dernier ira jusqu’à critiquer ouvertement la politique économique du gouvernement à l’été 2014, provoquant son éviction du ministère de l’Économie). Ces frondeurs reprochent à Hollande d’avoir « tourné le dos » au programme social du PS et d’adopter une orientation « sociale-libérale », éloignée des engagements de campagne et cause, selon eux, de son impopularité croissante.
Concrètement, la fronde parlementaire se manifeste par des abstentions voire des votes contre du budget et de textes clés. À l’automne 2014, 39 députés PS s’abstiennent lors du vote du Budget 2015, privant le gouvernement de sa majorité absolue (qui ne tient qu’avec l’appoint des radicaux de gauche et écologistes modérés). L’exécutif doit recourir à l’article 49-3 de la Constitution – qui permet d’adopter un texte sans vote sauf motion de censure – pour faire passer des lois sensibles (loi Macron en 2015, loi El Khomri en 2016) face à l’indocilité d’une partie de sa majorité. C’est une situation inédite sous la Vᵉ République qu’un gouvernement à majorité nominalement absolue soit contraint d’user du 49-3 à cause de sa propre famille politique.
François Hollande, habile négociateur d’ordinaire, tente de désamorcer la fronde en multipliant les consultations et en lâchant du lest sur certaines mesures. Il reçoit à l’Élysée des frondeurs pour discuter, comme en septembre 2014 où il partage un long apéritif avec eux afin de renouer le dialogue. Mais globalement, le fossé idéologique est profond. Pour les frondeurs, Hollande « a trahi les principes de la gauche » en menant une politique d’offre centriste, tandis que pour les partisans de Hollande, ces députés frondeurs sont les vrais « frondeurs » qui affaiblissent le camp réformiste en refusant la solidarité gouvernementale.
Cette guerre larvée culmine en 2016 lorsque l’aile gauche du PS, incarnée par Benoît Hamon et Arnaud Montebourg, décide de défier le bilan Hollande lors de la primaire organisée par le PS en janvier 2017 pour désigner son candidat (Hollande ayant renoncé, cf. section suivante). Benoît Hamon, frondeur revendiqué, remporte la primaire face à Manuel Valls, signe que l’électorat socialiste a voulu sanctionner le tournant de Hollande et revenir à une ligne plus à gauche.
Pour François Hollande, la fronde parlementaire a été à la fois un casse-tête politique et une blessure personnelle. Lui qui avait bâti sa carrière sur la conciliation des courants du PS s’est retrouvé rejeté par une partie de sa propre famille politique. Le consensus qu’il avait su préserver au PS a volé en éclats devant les exigences du pouvoir. Comme l’analyse un commentateur, « tout au long de sa carrière, Hollande a cherché la synthèse entre la gauche et la droite du parti ; mais en 2016, les deux bords du PS en ont eu assez », l’aile gauche se sentant trahie et l’aile droite fatiguée de l’indécision. La conséquence en a été un PS fracturé, peinant à aborder sereinement l’échéance de 2017.
En définitive, la fronde socialiste aura été le symptôme de la difficulté de Hollande à maintenir l’unité de son camp face à un contexte qui l’a poussé vers des choix centristes. Elle préfigure l’implosion à venir du Parti socialiste aux élections de 2017. Sur un plan plus large, cette fronde interne a illustré la crise de la social-démocratie française, écartelée entre l’adaptation au monde globalisé et la fidélité à ses idéaux traditionnels. François Hollande en a fait l’amère expérience, lui qui voulait être un président rassembleur a vu son soutien se lézarder de l’intérieur, ajoutant à la difficulté de mener son action jusqu’au bout.
Fin du quinquennat et décision de ne pas se représenter en 2017
La dernière année du mandat de François Hollande est marquée par une situation politique inédite et un choix personnel sans précédent : en décembre 2016, confronté à une impopularité record et à une majorité éclatée, il annonce qu’il renonce à briguer un second mandat. C’est la première fois sous la Vᵉ République qu’un président sortant, après un seul quinquennat, renonce de lui-même à se présenter à sa propre succession. Cette décision, lourde et solennelle, clôt prématurément l’aventure présidentielle de Hollande et ouvre une période d’incertitude pour la gauche.
Plusieurs facteurs expliquent cette décision historique. D’abord, la popularité de François Hollande s’est effondrée au fil du mandat, au point d’atteindre des planchers inégalés. Fin 2014, il est déjà le président le plus impopulaire de l’histoire pour un mandat en cours, avec seulement 13 à 19 % d’opinions favorables selon les instituts – certains sondages le créditent même de 4 % de confiance fin 2016, un niveau abyssal moqué dans les médias. Les raisons de ce désamour sont multiples : déception sur le chômage et l’économie, hausse d’impôts mal vécue, impression d’un manque d’autorité (« président flottant »), affaire privée (révélation de sa liaison avec Julie Gayet en 2014, qui écorne sa stature), et globalement promesses non tenues aux yeux de beaucoup de ses électeurs de 2012. Même les succès (COP21, mariage pour tous) n’auront pas suffi à renverser la tendance.
Ensuite, le président Hollande voit poindre le risque d’une déroute électorale s’il se présente en 2017. Les sondages fin 2016 sont unanimes : s’il était candidat, il ne passerait pas le cap du premier tour de l’élection présidentielle, éliminé aux alentours de 15 % des voix, voire moins. Pire, il n’est même pas sûr de gagner la primaire socialiste de janvier 2017 s’il décidait d’y participer, tant le rejet de sa politique est fort dans l’électorat de gauche. Imaginer un président sortant mis en minorité par sa propre base lors d’une primaire interne serait un camouflet sans précédent. François Hollande mesure aussi qu’une candidature maintenue pourrait fracturer encore davantage le PS (avec la tentation pour Manuel Valls ou Arnaud Montebourg de se présenter contre lui au 1er tour par exemple).
Un élément a pu jouer comme “goutte d’eau” : en octobre 2016 paraît un livre-entretien intitulé « Un président ne devrait pas dire ça… », dans lequel deux journalistes du Monde rapportent de nombreuses confidences crues faites par Hollande durant son mandat. Ce livre, perçu comme un acte de suicide politique par nombre de socialistes – Hollande y critique entre autres juges, footballeurs, frondeurs, de manière décomplexée – provoque malaise et exaspération dans son camp. Pour beaucoup, c’est le signe que Hollande a perdu le sens de la fonction et qu’il s’est définitivement coupé de ses soutiens. Cette polémique affaiblit un peu plus sa légitimité fin 2016.
C’est dans ce contexte délétère que, le 1ᵉʳ décembre 2016, François Hollande prend la parole en direct à la télévision, depuis l’Élysée, pour faire une déclaration que personne avant lui n’avait faite. En une dizaine de minutes de discours sobre, il annonce : « J’ai décidé de ne pas être candidat à l’élection présidentielle, au renouvellement donc de mon mandat ». Il justifie son choix par la volonté de donner toutes ses chances à la gauche de l’emporter face à la droite et à l’extrême droite, affirmant agir en “responsable” qui ne veut pas d’une candidature de division. Il exprime un seul regret – celui d’avoir lancé la révision constitutionnelle sur la déchéance de nationalité – et défend son bilan, estimant avoir laissé la France dans un état meilleur qu’en 2012 sur de nombreux plans. Mais il admet aussi implicitement que sa personne est devenue un obstacle : « je ne veux pas que la France s’expose à des aventures hasardeuses », dit-il en creux pour expliquer son retrait.
Ce renoncement retentissant provoque un choc dans la classe politique. Même s’il était pressenti ces jours précédents, l’entendre de la bouche du président demeure un moment solennel. Pour le Parti socialiste, c’est une forme de soulagement mêlé de vertige : « un immense ouf de soulagement » a titré la presse en évoquant la réaction de nombreux cadres PS. Soulagement car Hollande écarté, le PS évite une campagne 2017 ingagnable et peut espérer se reconstruire autour d’une nouvelle tête. Vertige car le chef de l’État sortant abdique, ouvrant une période inédite où le Premier ministre Manuel Valls démissionne pour se présenter à la primaire, et où le PS se lance dans une bataille fratricide qui verra triompher Benoît Hamon, représentant de l’aile gauche frondeuse. La gauche part alors affaiblie et divisée pour l’élection présidentielle de 2017, où elle sera éliminée dès le premier tour (Hamon finissant 5ᵉ avec 6 % des voix, un cataclysme électoral).
Le quinquennat Hollande s’achève officiellement le 14 mai 2017 avec la passation de pouvoirs à son successeur Emmanuel Macron (élu le 7 mai). En ne se représentant pas, François Hollande aura assumé jusqu’au bout son choix de privilégier – en vain, hélas pour son camp – l’unité de la gauche et le sursaut de ses anciens électeurs. Son renoncement restera comme l’acte final d’un mandat qui aura défié bien des conventions de la Vᵉ République, jusqu’à faire mentir l’adage selon lequel « un président sortant cherche toujours à se faire réélire ».
Vie post-présidentielle
Après son départ de l’Élysée en mai 2017, François Hollande entame une nouvelle étape de sa vie, libéré des contraintes du pouvoir mais toujours animé par l’intérêt général. Contrairement à certains de ses prédécesseurs, il choisit de ne pas se retirer complètement de la vie publique, multipliant interventions, publications et engagements associatifs, tout en gardant une certaine réserve vis-à-vis de la politique partisane immédiate.
Dès la fin de son mandat, François Hollande prend une décision remarquée : bien qu’en tant qu’ancien président il soit membre de droit du Conseil constitutionnel, il annonce qu’il n’y siégera pas. Cette démarche est cohérente avec sa propre promesse de campagne de 2012 de supprimer la présence automatique des ex-présidents au Conseil constitutionnel – promesse qu’il n’a pu concrétiser législativement, mais qu’il applique à lui-même en quelque sorte. Il considère que cette tradition doit être abolie et préfère ne pas siéger, évitant toute polémique sur sa reconversion.
François Hollande se consacre d’abord à témoigner de son expérience à travers l’écriture. En avril 2018, il publie son livre de mémoires intitulé « Les Leçons du pouvoir ». Dans cet ouvrage-confession de plus de 400 pages, il revient sur les grands événements de sa présidence – tant en politique intérieure qu’extérieure – et livre son analyse des réussites et des erreurs du quinquennat. L’ouvrage connaît un grand succès de librairie, s’écoulant à près de 100 000 exemplaires en trois semaines et plus de 150 000 en un an, signe d’un réel intérêt du public pour la parole de l’ancien président. Ce succès s’inscrit dans la tendance des mémoires présidentielles très attendues en France (Chaque pas doit être un but de Chirac ou La France pour la vie de Sarkozy avaient aussi été des best-sellers). Au-delà des chiffres, ce livre permet à Hollande de reprendre la parole et de commencer à façonner son héritage politique. Il y défend notamment son bilan (affirmant par exemple que sans lui, la Grèce aurait quitté l’euro, ou que sa politique de sécurité a protégé la France du pire), tout en exprimant des regrets (il admet avoir manqué de pédagogie sur le virage économique). Il en profite pour distiller quelques conseils à son successeur Emmanuel Macron, auquel il consacre des pages lucides sur leur relation compliquée.
Par la suite, François Hollande publie d’autres livres, s’affirmant comme essayiste et témoin de l’époque. En 2020, dans « Répondre à la crise démocratique », il propose des pistes pour revigorer la démocratie française, inquiétée par la montée des populismes. En 2021, il cosigne avec son ancien Premier ministre Jean-Marc Ayrault « Devoirs de vérité », un dialogue sur l’exercice du pouvoir. En 2022, face à la guerre en Ukraine, il publie « Bouleversements : pour comprendre la nouvelle donne mondiale », un essai géopolitique où il analyse la mutation de l’ordre mondial et la montée des périls autoritaires, appelant l’Europe à l’unité et à la fermeté. À travers ces ouvrages et tribunes, Hollande continue de peser dans le débat d’idées, fort de son expérience internationale.
Sur le plan de l’engagement civique, François Hollande a choisi de mettre son énergie au service de causes d’intérêt général, notamment via la Fondation La France s’engage. Cette fondation, créée en 2016 dans la lignée d’un programme initié par Hollande président, vise à soutenir des projets d’innovation sociale un peu partout en France. En septembre 2017, François Hollande en prend officiellement la présidence, concrétisant son souhait de prolonger son action en faveur de la cohésion sociale. Sous son impulsion, La France s’engage finance et accompagne des initiatives dans les domaines de l’éducation, l’insertion, l’environnement ou la santé, promouvant le dynamisme associatif et l’entrepreneuriat social. C’est là un pan moins médiatique de sa vie post-présidentielle, mais qui lui tient à cœur : il y voit la possibilité d’être utile en dehors de la politique politicienne, en soutenant sur le terrain ceux qui apportent des solutions concrètes aux défis sociaux.
Parallèlement, François Hollande multiplie les conférences à travers le monde. Comme d’autres anciens dirigeants, il donne des interventions rémunérées sur des sujets variés (géopolitique, climat, Europe…). En janvier 2019, il crée même une société pour encadrer ces activités de conférencier, non sans susciter quelques critiques car il avait promis à son départ de faire ces interventions bénévolement. Néanmoins, il parcourt le globe, invité dans des universités, think tanks ou forums économiques, partageant son expérience du pouvoir et son analyse de la situation internationale. Ces voyages lui permettent de rester connecté aux enjeux mondiaux et d’entretenir son réseau diplomatique.
Sur le plan politique national, pendant les premières années suivant son départ, François Hollande adopte un profil relativement discret, évitant d’intervenir dans le quotidien partisan. Il reste toutefois militant socialiste – il a repris sa carte du PS en 2018 comme simple adhérent – et n’hésite pas à donner son avis lorsque l’orientation de la gauche l’inquiète. Par exemple, lors de la présidentielle 2022, il critique durement la décision du PS de s’allier avec Jean-Luc Mélenchon dans la NUPES pour les législatives, qualifiant l’accord « d’inacceptable » et « de faute » en ce qu’il marginalise le PS (réduit à 70 circonscriptions à candidater). Il entend ainsi peser pour maintenir une ligne sociale-démocrate autonome, distincte des Insoumis. Il apporte cependant son soutien à Anne Hidalgo, candidate PS en 2022, par loyauté de parti, même si celle-ci ne décolle pas.
Durant le quinquennat Macron, François Hollande s’érige parfois en conseiller du prince ou en grand témoin critique. S’il salue certaines actions de son successeur, il exprime aussi clairement des réserves. En août 2017, il met en garde Emmanuel Macron sur sa réforme du Code du travail, lui conseillant de ne pas « demander aux Français des sacrifices inutiles » ni de « fragiliser davantage le marché du travail ». Macron aurait sèchement réagi en fustigeant « certaines personnes qui donnent des leçons », preuve que la cohabitation des deux hommes n’est pas sans piques. Hollande n’hésite pas à tacler la politique fiscale de Macron, le qualifiant de « président des très riches » en 2018, en référence à la suppression de l’ISF et autres mesures pro-fortunes. Sur la politique internationale, il intervient ponctuellement : par exemple en mars 2018, il appelle la France à agir pour protéger les Kurdes de Syrie face à la Turquie. Il demeure soucieux de peser sur les grands choix, sans revenir en première ligne partisane.
Pendant un temps, l’idée d’un retour en politique active a même plané. En 2020-2021, Hollande confie travailler à un « projet présidentiel » pour 2022, tout en affirmant qu’il ne sera pas forcément candidat lui-même mais veut apporter des idées au débat. Les sondages lui étant très défavorables (2 % à 7 % d’intentions de vote s’il se présentait), et le PS ayant investi Anne Hidalgo, il renonce finalement à toute candidature début 2022. Il ira jusqu’à dire que son « plus grand regret » est de ne pas s’être représenté en 2017 – phrase qui a surpris – mais il clarifie qu’il ne veut pas entraver la recomposition actuelle de la gauche.
En 2024, contre toute attente, François Hollande effectue un retour électoral : lors des élections législatives de 2024 dans son ancien fief de Corrèze, il est élu député de la 1ʳᵉ circonscription, douze ans après avoir quitté l’Assemblée. Ce come-back sur les bancs de l’Assemblée nationale témoigne de sa volonté de reprendre du service pour défendre ses convictions et reconstruire une gauche de gouvernement. Son retour est remarqué : à 68 ans, l’ancien président redevient parlementaire, souhaitant sans doute apporter son expérience et peser dans la refondation de son parti.
En synthèse, la vie post-présidentielle de François Hollande est celle d’un homme qui, sans occuper de fonction officielle de premier plan, reste actif sur la scène publique. Il s’est mué en auteur à succès, en conférencier et en militant philanthropique via sa fondation. Ses prises de parole régulières montrent qu’il n’a rien perdu de son appétit pour le débat d’idées et la chose publique. S’il a quitté le pouvoir suprême, François Hollande n’a pas totalement quitté la politique, tâchant de peser sur son cours d’une manière différente, fidèle en cela à son engagement de toujours au service du pays.
Image, style présidentiel et héritage politique
Le style présidentiel de François Hollande et l’image qu’il a laissée dans l’opinion constituent un bilan contrasté, à la mesure d’un quinquennat lui-même contrasté. Celui qui s’était présenté comme « Monsieur Normal » a effectivement incarné une présidence plus simple et accessible, rompant avec le bling-bling de son prédécesseur – mais il a aussi pâti d’une perception d’indécision et d’impréparation. Tour à tour affable et impopulaire, modeste et moqué, rassembleur et contesté, François Hollande a suscité des sentiments ambivalents chez les Français. Quant à son héritage politique, il reste objet de débat : certaines avancées de société et succès diplomatiques lui sont crédités, tandis que son bilan économique et l’état de la gauche à son départ lui valent des critiques sévères.
Dès son élection, Hollande a voulu imprimer un style de « président normal », en contraste assumé avec Nicolas Sarkozy qualifié d’« hyperprésident ». Concrètement, cela s’est traduit par une attitude moins verticale, plus modeste dans les symboles : baisse de 30 % de son salaire et de celui des ministres, moindre présence dans les médias, valorisation du travail collégial avec le Premier ministre. Il renonce aux excès de train de vie – sa présidence démarre sous le signe de la simplicité (il se rend à pied à son investiture à l’Hôtel de Ville de Paris, prend des vols réguliers plutôt que privés, etc.). Ce positionnement de « président normal » a séduit au début, mais a aussi facilité les caricatures : ses adversaires l’ont affublé du sobriquet de « Flanby », du nom d’un flan mou, pour railler son côté conciliant et peu autoritaire. Ce surnom lancé par un pamphlet d’opposition puis relayé par certains médias lui collera injustement à la peau, entamant son aura.
Hollande est en effet un homme de compromis et d’humour, davantage qu’un homme d’autorité froide. Il a souvent utilisé l’humour et la dérision, y compris à son propre égard, pour désamorcer les tensions – d’où un certain capital de sympathie auprès des Français, qui voyaient en lui un président proche, aimant plaisanter. On se souvient par exemple qu’en 2013, après des critiques sur son poids par la presse britannique, il lance : « Moi président, je ne serai pas seulement normal, je serai aussi mince », provoquant les rires. Cette bonhomie, si elle le rendait sympathique, a pu dans d’autres circonstances nuire au sérieux perçu de sa fonction.
La communication de François Hollande a connu des ratés notoires. Son début de mandat, très sobre, a d’abord été salué comme un retour à la dignité républicaine. Mais l’absence de discours clair sur la direction du pays a pu donner une impression d’hésitation. Par exemple, il annonce en 2012 vouloir inverser le chômage sans expliquer comment, ce qui sera exploité contre lui quand l’échec devient patent. De même, son « Moi président… » incantatoire du débat de 2012 s’est retourné en moquerie lorsque ses promesses se sont évanouies. La presse a souvent relevé son goût pour la synthèse au détriment de la décision tranchée, lui reprochant un manque d’autorité – « absences de ligne directrice et d’autorité » figuraient ainsi parmi les raisons de son impopularité selon un sondage dès 2013. Sa gestion collégiale, en duo avec un Premier ministre fort (d’abord Ayrault puis Valls), a été louée par certains comme gage de normalité institutionnelle retrouvée, mais critiquée par d’autres qui attendaient plus de présence du Président.
L’affaire dite du “Scooter” en janvier 2014 a porté un coup dur à son image personnelle. La révélation par un magazine people de la liaison secrète entre François Hollande et l’actrice Julie Gayet – avec des photographies volées du président casqué enfourchant un scooter pour lui rendre visite incognito – a tourné en ridicule la fonction présidentielle aux yeux du monde. Ce scandale de la vie privée a mis Hollande dans l’embarras maximal : sa compagne officielle, Valérie Trierweiler, humiliée, fut hospitalisée pour choc émotionnel ; lui-même, lors d’une conférence de presse quelques jours plus tard, refusa de clarifier la situation conjugale, se réfugiant derrière le « respect de la vie privée », ce qui le fit apparaître froid et insensible. Beaucoup virent dans cet épisode un manque de considération pour celle qui était première dame, renforçant l’image d’un homme parfois « froid » dans sa sphère intime. S’il parvint à surmonter politiquement la crise (en annonçant peu après sa rupture avec Trierweiler), l’affaire alimenta durablement les moqueries et les doutes sur son sérieux.
Malgré ces aléas, François Hollande a montré dans les périodes de crise grave – notamment lors des attentats terroristes – un visage bien différent, apparaissant comme un chef d’État digne, compatissant et ferme à la fois. Ses allocutions après Charlie Hebdo ou le 13-Novembre, sa posture lors des hommages aux Invalides, ont été saluées pour leur gravité et leur hauteur de vue. Dans ces moments, même ses adversaires ont reconnu en lui un président à la hauteur, trouvant les mots pour rassembler la nation meurtrie. Ce contraste entre le Hollande des périodes calmes (critiqué pour son manque d’incarnation) et le Hollande des périodes tragiques (loué pour sa stature de père de la Nation) est l’un des paradoxes de son quinquennat.
Son héritage politique est tout aussi nuancé. Du point de vue des réalisations, Hollande peut revendiquer plusieurs accomplissements majeurs inscrits dans la durée : la légalisation du mariage pour tous est irréversible et fait désormais consensus pour beaucoup, l’Accord de Paris sur le climat restera un jalon diplomatique planétaire, les interventions militaires au Mali et en Centrafrique ont globalement réussi leurs objectifs initiaux. Sur le plan européen, il a contribué à sauver la zone euro en évitant le Grexit en 2015, et a renforcé l’intégration (union bancaire, plan Juncker d’investissement). Il a également modernisé certaines structures internes (création de la Banque publique d’investissement, réforme territoriale avec la fusion des régions en 2015, etc.). Ces éléments constituent le volet positif de son héritage.
Cependant, beaucoup de Français retiennent surtout de François Hollande un bilan économique décevant et une explosion des clivages au sein de la gauche. Sur l’économie, malgré la baisse tardive du chômage en 2017, on lui reproche de ne pas avoir suffisamment relancé la machine, et d’avoir alterné entre trop d’impôts puis un virage trop tardif. Son mandat s’est achevé avec un chômage encore très élevé (9,5 %), un sentiment de déclassement persistant et une progression du vote extrême. En outre, son quinquennat a laissé un Parti socialiste exsangue : après 2017, le PS, miné par la fronde et la concurrence d’En Marche et de La France insoumise, s’est effondré électoralement (Benoît Hamon éliminé à 6 %, puis moins de 8 % aux législatives). Hollande est souvent tenu pour responsable, par ses choix, de cet affaiblissement historique de la gauche de gouvernement. D’aucuns estiment qu’il a ouvert la voie à Emmanuel Macron – son ancien protégé – qui a dynamité le paysage politique traditionnel en siphonnant l’aile modérée du PS et de la droite, redessinant durablement la scène politique française. Le quinquennat Hollande a ainsi constitué un tournant dans la vie politique française, actant la crise des partis traditionnels (PS et LR) et l’émergence d’un nouveau clivage.
Enfin, sur le plan personnel, l’héritage de François Hollande est aussi celui d’un président dont l’impopularité record a marqué les esprits. Il a atteint des taux d’opinion défavorables jamais vus, incarnant malgré lui la figure du président mal-aimé. Cela s’explique par la conjonction de facteurs évoqués (contexte dur, promesses brisées, style désarçonnant), mais c’est un fait historique : il a battu les records d’impopularité de la Vᵉ République. Cette image négative mettra du temps à s’estomper, bien que l’homme, depuis son départ, bénéficie d’un relatif regain de sympathie en tant qu’ancien (phénomène fréquent une fois le temps passé).
En conclusion, François Hollande aura été un président aux multiples facettes et au bilan en clair-obscur. Son ton narratif accessible et son empathie en ont fait un personnage attachant pour certains, tandis que son absence de ligne tranchée en a déçu d’autres. Il a su mener à bien des réformes de société et porter haut la voix de la France pour le climat, mais il a échoué à réconcilier tous les Français comme il l’ambitionnait. Son héritage politique tient dans cette dualité : d’un côté, des avancées indéniables et le souvenir d’un homme d’État présent dans l’épreuve ; de l’autre, la fragmentation de son camp et l’émergence d’un nouveau paysage politique sur les ruines du vieux PS. L’histoire, avec le recul, jugera sans doute avec plus de nuances ce quinquennat parfois mal compris à chaud. Quoi qu’il en soit, le nom de François Hollande restera lié à une période charnière de la Vᵉ République, celle où un président normal tenta de gouverner un pays dans une époque devenue, elle, tout sauf normale.
Chronologie des événements majeurs
Date / Période | Événement majeur |
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12 août 1954 | Naissance de François Hollande à Rouen (Seine-Maritime). |
1979 | Adhésion de François Hollande au Parti socialiste. |
1980 | Sort diplômé de l’ENA (promotion Voltaire) ; intègre la Cour des comptes. |
1981 | Chargé de mission à l’Élysée après l’élection de François Mitterrand ; candidat malheureux aux législatives en Corrèze face à Jacques Chirac. |
1988 | Élu député de la 1ʳᵉ circonscription de la Corrèze à l’Assemblée nationale. |
1993 | Défait aux législatives (perte de son siège de député dans la vague RPR). |
Nov. 1994 – 1995 | Secrétaire national du PS chargé de l’économie (1994) ; porte-parole du PS nommé par Lionel Jospin (1995). |
1997 | Retour à l’Assemblée comme député de Corrèze après la dissolution ; la gauche gagne les législatives. François Hollande devient premier secrétaire par intérim du PS (confirmé en 1998). |
1998 – 2008 | Premier secrétaire du Parti socialiste (élu officiellement en 1997/1998, réélu en 2000 et 2003). Conduit le PS pendant 11 ans, jusqu’au congrès de Reims. |
19 mars 2001 | Élu maire de Tulle (Corrèze), fonction qu’il occupe jusqu’en mars 2008. |
16 mars 2008 | Élu conseiller général de Corrèze ; deux jours plus tard (20 mars), devient président du Conseil général de Corrèze (2008–2012). |
2007 – 2008 | Défaite de Ségolène Royal à la présidentielle de 2007 ; Hollande quitte la tête du PS en novembre 2008, Martine Aubry lui succède. |
Mars – Oct. 2011 | François Hollande annonce sa candidature aux primaires socialistes (31 mars). Il remporte la primaire le 16 octobre 2011, devenant le candidat du PS pour 2012. |
6 mai 2012 | Élu président de la République au second tour avec 51,64 % des voix, face à Nicolas Sarkozy. |
15 mai 2012 | Investiture officielle de François Hollande comme 7ᵉ président de la Vᵉ République ; début de son quinquennat (2012–2017). |
23 avril 2013 | Adoption par le Parlement de la loi ouvrant le mariage pour tous (promulguée le 17 mai 2013). La France légalise le mariage homosexuel. |
11 janvier 2013 | Lancement de l’opération Serval au Mali contre les groupes djihadistes, sur décision de Hollande ; succès militaire français salué internationalement. |
Mars 2014 | Déroute du PS aux municipales ; Manuel Valls nommé Premier ministre (1ᵉʳ avril 2014). Hollande engage le Pacte de responsabilité et le tournant économique pro-entreprises en 2014. |
7 – 9 janv. 2015 | Attentats terroristes contre Charlie Hebdo puis prise d’otages de l’Hyper Cacher : 17 morts. Grande marche républicaine le 11 janvier à Paris autour de Hollande. |
13 nov. 2015 | Attentats de Paris et Saint-Denis : 130 morts. Hollande déclare l’état d’urgence dans la nuit et prononce un discours historique au Congrès le 16 nov. 2015. |
30 nov. – 12 déc. 2015 | Conférence COP21 à Paris sur le climat. Le 12 décembre 2015, adoption de l’Accord de Paris par 196 parties, accord mondial « historique » sur la lutte contre le réchauffement. |
14 juillet 2016 | Attentat terroriste à Nice (86 morts). La France prolonge l’état d’urgence. |
1 décembre 2016 | François Hollande annonce en direct qu’il renonce à se représenter à l’élection présidentielle de 2017 – première dans l’histoire pour un président sortant. |
7 mai 2017 | Élection d’Emmanuel Macron à la présidence ; Hollande ne s’étant pas présenté, c’est la fin de son mandat. |
14 mai 2017 | Passation de pouvoirs : François Hollande quitte officiellement l’Élysée après cinq ans de mandat. |
5 sept. 2017 | Hollande est élu président de la Fondation La France s’engage, dédiée à l’innovation sociale. |
11 avril 2018 | Publication du livre « Les Leçons du pouvoir », mémoires de François Hollande sur sa présidence (succès en librairie). |
2022 | Publication de « Bouleversements » (essai de Hollande sur la nouvelle donne mondiale face à la guerre en Ukraine). |
Avril 2022 | Hollande critique l’accord électoral PS-LFI (NUPES) qu’il juge « inacceptable ». |
2024 | François Hollande redevient député de Corrèze, marquant son retour sur la scène politique élective. |
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